Les recettes pétrolières de la Libye ont atteint 15,6 milliards de dinars libyens (11,4 milliards de dollars) au premier semestre 2018 contre 6,8 milliards de dinars durant la même période de l’année écoulée, a annoncé la Banque centrale libyenne (CBL).
Ces recettes représentent plus de 93% des revenus globaux de l’Etat, qui se sont élevés à 16,7 milliards de dinars sur les six premiers mois de l’année en cours, soit un montant légèrement supérieur aux dépenses totales (16,88 milliards de dinars), a précisé l’institution dans un communiqué.
Les chiffres publiés par la Banque centrale libyenne ne concernent pas l’ensemble du territoire libyen, étant donné que ce pays est politiquement et économiquement divisé depuis 2014, avec une banque centrale rivale basée dans la ville d’Al-Bayda, à l’est.
La Banque centrale basée à Tripoli a par ailleurs précisé que les salaires des fonctionnaires représentaient 66% des dépenses au premier semestre 2018.
L’institution a également fait savoir que les dépenses en dollars se sont élevées à 4,79 milliards de dollars : une allocation de 2,09 milliards de dollars en faveur la Compagnie pétrolière nationale (NOC) et 2,7 milliards de dollars en allocations familiales.
La cheffe de la diplomatie européenne à Tripoli pour parler coopération UE-Libye

afp.com – STRINGER
La cheffe de la diplomatie européenne a eu samedi des entretiens en Libye sur les migrations et la coopération à l’occasion d’une visite pour inaugurer les locaux de la délégation de l’UE et de la mission d’assistance et de surveillance des frontières (EUBAM).
Federica Mogherini a rencontré à Tripoli le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj, qui a salué dans un communiqué la « première visite en Libye » de la responsable européenne.
La Libye est toujours plongée dans le chaos sept ans après la révolte armée et l’intervention occidentale qui ont conduit à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
L’Union européenne (UE) est le premier soutien humanitaire de la Libye et notamment des programmes de l’ONU dans ce pays, ainsi que son principal partenaire économique.
Avec l’ouverture des locaux de la délégation européenne dans la capitale libyenne, « notre présence ici sera désormais plus régulière », a déclaré Mme Mogherini devant des journalistes.
« Nous avons discuté du soutien que fournit l’Union européenne à la Libye et au peuple libyen », a déclaré Mme Mogherini après ses entretiens avec Mr Sarraj qu’elle a qualifiés d' »excellents ».
« Pour l’Union européenne, la Libye est un voisin proche et un pays ami, et la poursuite de notre soutien aux Libyens va encore se renforcer dans les prochains mois », a-t-elle ajouté.
La responsable européenne a réaffirmé le soutien de l’UE au processus politique en Libye, dans le cadre fourni par l’ONU, y compris la préparation d’élections.
Selon un communiqué de l’UE sur la visite, « de nouvelles initiatives ont été discutées dans le secteur de la santé, de l’éducation, des médias, de la jeunesse, du soutien aux municipalités, de la gouvernance et de la sécurité ».
D’après le GNA, le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, les entretiens ont aussi porté sur l’aide de l’UE à la formation des garde-côtes libyens et à la sécurisation des frontières sud de la Libye.
Federica Mogherini a discuté avec M. Sarraj « de la formation par l’UE des gardes-côtes libyens et de la coopération à travers l’EUBAM pour aider les autorités à gérer les frontières terrestres, particulièrement dans le sud », selon l’UE.
Sa visite intervient quelques jours après celle du président du Parlement européen, Antonio Tajani.
M. Tajani avait indiqué lundi à Tripoli avoir discuté avec M. Sarraj de l’importance de surveiller les frontières sud de la Libye en vue de limiter les flux de migrants qui arrivent dans ce pays dans le but d’effectuer la traversée périlleuse de la Méditerranée.
Libye : la capacité de stockage des terminaux pétroliers du port de Ras Lanuf réduite de 400 000 barils
En Libye, les affrontements autour des installations pétrolières font rage depuis quelques jours et viennent de porter un gros coup au secteur pétrolier. Dimanche, la société publique du pétrole (NOC) a fait savoir que la capacité de stockage du port de Ras Lanuf avait été réduite de 400 000 barils, après qu’une deuxième unité de stockage eut pris feu.
Avant que l’incendie ne se déclare, deux factions rivales se battaient pour le contrôle de deux terminaux d’exportation clés dans le croissant pétrolier libyen.
En attendant, la situation n’est pas encore totalement maitrisée et la NOC craint que le feu n’atteigne d’autres réservoirs du port, ce qui « arrêterait complètement les exportations du port de Ras Lanuf ».
Une telle situation serait un coup dur pour l’industrie locale du pétrole qui se remet progressivement des années de faiblesse de la production et des prix du pétrole.
L’attaque a conduit la NOC à fermer les ports et à évacuer ses travailleurs, déclarant la force majeure sur les exportations.
Libye : pour la NOC, les nouveaux affrontements dans le croissant pétrolier feront perdre des milliards $ à l’économie
L’économie libyenne perdra « des milliards de dollars » à cause des affrontements qui ont éclaté depuis le jeudi dernier entre des factions rivales dans le croissant pétrolier, à l’Est du pays. C’est une information fournie par la société publique libyenne du pétrole (NOC), selon des propos rapportés par le Libyan Herald.
Deux des plus importants réservoirs de stockage du terminal portuaire de Ras Lanuf ont pris feu dans les affrontements, ce qui constitue déjà une perte majeure pour la NOC, étant donné que la capacité de stockage de la NOC a été réduite de 400 000 barils. Par ailleurs, la force majeure a été déclarée sur les exportations du site. La situation pourrait s’aggraver dans les prochains jours car les risques de destruction des pipelines qui conduisent aux terminaux d’exportation sont de plus en plus élevés.
D’un autre côté, on craint une propagation de l’incendie vers trois autres réservoirs à Ras Lanuf.
Dans un communiqué qui vient d’être publié, la NOC a appelé le chef de milice Ibrahim Jadran et ses « gangs » à se retirer du port et à cesser ses opérations militaires afin de favoriser la fourniture de soutien et d’assistance aux équipes de lutte contre les incendies.
Pendant ce temps, la Croix-Rouge libyenne a signalé que 28 corps ont été retrouvés dans le croissant pétrolier
Libye : Haftar attaqué dans le croissant pétrolier

L’autoproclamée «armée nationale libyenne» subit, depuis jeudi, une offensive menée par des groupes rivaux dans la région côtière du centre de la Libye. Deux sites pétroliers ont arrêté leur activité.
Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, s’était emparé du croissant pétrolier par un coup de force, en septembre 2016. Ses ennemis viennent de le surprendre en menant à leur tour un raid sur les ports et les terminaux les plus convoités de Libye, lors de la dernière journée du mois de ramadan, jeudi. Les affrontements ont notamment touché les villes de Ras Lanouf et de Sidra. La National Oil Corporation (NOC) a annoncé la fermeture de deux sites dont s’échappaient vendredi d’épaisses fumées noires, et l’évacuation de ses employés. La compagnie a aussi désigné l’assaillant : Ibrahim Jadhran.
L’homme avait disparu de la circulation depuis deux ans. Ex-chef du corps des gardes pétroliers, il appartient à la tribu des Magharba, «majoritaire dans le bassin pétrolier», précise Claudia Gazzini, analyste à l’International Crisis Group. «Mais aucun leader des Magharba n’a soutenu officiellement l’initiative de Jadhran. Déjà à l’époque où il contrôlait les terminaux, la tribu était divisée à son sujet.» Connu pour ses allégeances à géométrie variable, Jadhran avait été évincé par les troupes de l’autoproclamée «armée nationale libyenne» (ANL) du maréchal Haftar. Ce dernier avait rapidement rouvert les vannes d’exportation du brut que Jadhran maintenait fermées depuis deux ans. L’or noir du centre de la Libye est ainsi devenu l’un des (rares) traits d’union entre l’Ouest – la NOC qui commercialise le pétrole est installée à Tripoli, où siège le gouvernement d’union nationale – et l’Est – la région de la Cyrénaïque, qui abrite la Chambre des représentants, aux mains d’Haftar.
«Montrer que l’ANL est vulnérable»
Dans une vidéo de sept minutes diffusée jeudi, le revenant Jadhran, en treillis, a annoncé la création d’une «force de libération du croissant pétrolier». Elle serait composée d’une partie de ses anciens gardes, ainsi que de combattants hostiles à Haftar, dont vraisemblablement des membres des Brigades de défense de Benghazi chassés par l’ANL de la «capitale» de la Cyrénaïque l’an dernier. Le maréchal s’est fait beaucoup d’ennemis depuis qu’il a juré d’écraser les groupes islamistes en lançant son opération Karama («dignité») en 2014. La phase ultime de sa conquête de la région a été lancée le mois dernier : une seule cité, Derna, assiégée depuis deux ans, échappait à son contrôle. En quelques semaines, ses troupes ont rapidement progressé en direction du centre-ville. «Le timing de l’attaque sur le croissant pétrolier est très probablement lié à l’offensive sur Derna, explique Claudia Gazzini. Si Derna tombe, l’ANL devient la puissance incontestée de l’Est. Pour ses adversaires, il est nécessaire de casser cette image, de montrer que l’imposante ANL est en réalité assez faible, et vulnérable.»
Haftar a en effet dû retirer certains de ses bataillons de Derna pour les redéployer en urgence dans le croissant pétrolier. Ses forces commenceraient à fatiguer, d’autant qu’un troisième front, plus au sud (la ville de Sebha), réclame son attention. «Jadhran peut créer un chaos immédiat pour distraire Haftar de Derna, mais il n’a pas les moyens de rester en place, il ne peut pas tenir le croissant pétrolier très longtemps, nuance la chercheuse. Haftar dispose notamment d’une couverture aérienne qui lui confère un avantage stratégique.» En mars 2017, l’ANL avait déjà subi une attaque des Brigades de défense de Benghazi sur les terminaux pétroliers, avant d’en reprendre le contrôle au terme de onze jours de combat. L’Egypte et les Emirats arabes unis avaient fourni quasi ouvertement un appui aérien au maréchal. Plus discrètement, la France, à travers des éléments de la DGSE, a également travaillé aux côtés de l’ANL par le passé, au nom de la lutte antiterroriste.
Elections législatives et présidentielle
Invité à Paris par Emmanuel Macron le 29 mai, Khalifa Haftar s’est engagé, au côté d’autres acteurs majeurs de la crise libyenne, à organiser et respecter le résultat des élections législatives et présidentielle, prévues pour le 10 décembre. Deux semaines plus tard, l’incontrôlable officier libyen, qui refuse obstinément de reconnaître l’autorité du gouvernement d’unité nationale, manœuvre des soldats dans une bataille urbaine qui inquiète l’ONU (la Mission des Nations unies en Libye «s’alarme des accusations de sérieuses violations des droits humains à Derna, dont des exécutions sommaires […] qui pourraient, si prouvées, constituer des crimes de guerre») tout en tentant de repousser une attaque de milices dans le bassin pétrolier. Le scrutin promis à Paris n’est certainement plus sa priorité.
Première exportation libyenne de propane en Italie depuis les quatre dernières années
La société publique libyenne du pétrole (NOC) vient d’annoncer sur son site internet qu’elle a opéré la première exportation en quatre ans de propane depuis le port de Zueitina, vers l’Italie.
« L’exportation vers l’Italie est la première du genre depuis la fermeture de l’usine de gaz du port de Zueitina il y a quatre ans. », explique le communiqué.
Il faut dire que ce sont 61 761 barils de propane qui ont été expédiés à bord d’un navire dénommé Corcode. L’unité de production de GPL du port de Zueitina avait été fermée en 2014 en raison du manque de gaz d’alimentation, les opérations pétrolières en amont ayant été affectées par la violence des milices, des manifestations de travailleurs et des sit-in.
D’après la société Zueitina Oil Co., JV entre la NOC et des compagnies internationales, les champs qui alimentent l’installation produisent environ 17,5 millions de pieds cubes de gaz par jour dont 5,5 millions sont utilisés comme combustible pour la production d’électricité. Le reste est traité pour le GPL.
D’après Bloomberg, le terminal pétrolier de Zueitina a la capacité de stocker environ 6,5 millions de barils de pétrole brut, près d’un million de barils de naphta, 240 000 barils de butane et 270 000 barils de propane.
Libye : des sources affirment que la NOC s’est emparée de la part de pétrole brut revenant à Total sur le champ de Waha
Jeudi, deux sources proches de la société publique libyenne du pétrole (NOC) ont révélé à Reuters que l’entreprise a saisi la part de pétrole brut revenant à Total sur la production de la concession pétrolifère de Waha. Total n’aurait donc reçu aucune part de sa production depuis mars et n’aurait pas non plus été indemnisée.
Selon ces sources, cette manœuvre serait due à la volonté de la société publique de bloquer l’entrée de la firme française sur l’un de ses plus grands gisements pétroliers. Pour rappel, Total a racheté, au mois de mars dernier, les 16,33% de parts de l’Américain Marathon Oil sur le périmètre de Waha, à 450 millions de dollars. Un montant jugé trop bas par les responsables de la NOC, qui s’apprêtent à racheter ces parts et donc, bloquer l’opération.
Pourtant, Total a déclaré il y a quelques jours, que les autorités libyennes sont informées de la transaction et n’avaient soulevé aucune objection, avant sa conclusion. Patrick Pouyanné, le patron de Total avait aussi indiqué que les deux parties tiennent des pourparlers sur certaines questions fiscales entourant l’accord.
D’un autre côté, les données douanières du terminal d’exportation de pétrole d’Es Sider pour le mois de mai, indiquent que sur les 14 cargaisons du champ Waha, la NOC s’est attribuée 10, ConocoPhillips, qui détient une participation de 16,33% dans Waha, a eu deux cargaisons, et Hess, avec une participation de 8,16%, en a aussi eu deux autres.
En effet, depuis le début de cette année, et la cession des parts de Marathon, ses cargaisons ont été vendues à l’opérateur pétrolier Vitol via la NOC, explique l’une des sources, qui précise que l’accord entre la NOC et Vitol est valable jusqu’en août au moins. Par conséquent, Total ne devrait pas entrer en possession de ses cargaisons de pétrole avant les trois prochains mois. Contacté, le négociant Vitol a refusé de commenter cette information.
Si tant est que la NOC souhaite évincer Total de la concession, elle devrait lui forcer la main afin qu’elle revende ses 16,33% de parts dans les prochaines semaines. Autrement, la partie libyenne court le risque de verser d’énormes frais d’indemnisation à la partie française.
Il paraît désormais probable que Total ne se laissera pas faire. Même si la multinationale semble prôner le dialogue, une action en arbitrage reste sa seule issue.
Le gouvernement libyen veut récupérer les prêts accordés par Kadhafi à des pays africains
Le gouvernement d’union nationale libyen a mis sur pied un comité regroupant des experts du ministère des Finances et de la banque offshore Libyan Foreign Bank (LFB), en vue de récupérer les prêts accordés par le régime déchu de Mouammar Kadhafi à plusieurs pays africains, a rapporté le quotidien anglophone libyen Libya Herald, le 12 avril.
Ce comité aura pour mission de coordonner avec d’autres institutions libyennes pour intensifier le recouvrement des prêts accordés par l’Etat à des pays africains, en utilisant tous les moyens juridiques et diplomatiques possibles, a-t-on ajouté de même source.
L’intensification des efforts de recouvrement des prêts servis par Kadhafi à des pays africains intervient alors que les caisses de l’Etat libyen se vident à un rythme inquiétant, en raison notamment de la baisse des revenus issus des exportations du pétrole. Pour faire pression sur les autorités libyennes, des milices armées ferment souvent des terminaux pétroliers, causant régulièrement des baisses de la production du brut.
Le déficit budgétaire de la Libye a atteint 4 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de 2017, selon les dernières statistiques publiées par la Banque centrale libyenne.
Le Conseil national de transition (CNT), une autorité politique de transition créée en 2011 à l’issue du renversement de Kadhafi par une insurrection armée, avait estimé les actifs libyens en Afrique (investissements, actifs immobiliers, comptes bancaires, prêts etc), à environ 35 milliards de dollars.
A noter que la Libyan Foreign Bank est détenue à 100% par la Banque centrale. Cette banque offshore possède des participations dans plusieurs institutions financières à travers le monde, dont 84 % dans la British Arab Commercial Bank et 68% dans la banque italienne Banca UBAE.
Libye: la JV entre Eni et la NOC s’apprête à fermer ses champs gaziers pour des travaux de maintenance
Mellitah Oil and Gas (MOG), la coentreprise entre l’Italien Eni et la société publique libyenne du pétrole, NOC, a annoncé que les champs gaziers qu’elle contrôle dans le pays seront fermés, à partir de la première semaine d’avril, pour des travaux de maintenance.
Selon The Libyan Express, ces travaux étaient initialement prévus pour démarrer fin février, mais ont été retardés en raison de la forte vague de froid qu’ont connue les clients européens du gaz libyen, notamment l’Italie. MOG a alors poursuivi la production pour satisfaire ses clients dont la demande a explosé entre janvier et début mars.
Il faut rappeler que ces travaux qui dureront entre 10 et 15 jours, prendront en compte le centre de traitement de gaz de Mellitah, le champ onshore de Wafa ainsi que la plateforme offshore de Sabratha.
Il convient de souligner que ce programme de maintenance fait partie des plans d’intégration de la production gazière du champ offshore de Bahr Essalam à l’usine de traitement.
Pendant cette période, les exportations vers l’Italie seront réduites et la Botte devra compter sur ses réserves.
Qu’est-ce que l’affaire libyenne dans laquelle Sarkozy a été placé en garde à vue ?

L’ancien président a été mis en garde à vue ce mardi matin dans le cadre de l’enquête portant sur les soupçons de financement libyen lors de la campagne du candidat UMP de 2007.
Qu’est-ce que l’affaire libyenne dans laquelle Sarkozy a été placé en garde à vue ?
Depuis 2013, la justice enquête sur le possible versement d’argent de la part du régime libyen à la sphère Sarkozy en vue de la campagne présidentielle de 2007. C’est ainsi que l’on peut résumer le tentaculaire dossier des fonds libyens, révélée au départ par Mediapart. Ce mardi, l’ancien président est en garde à vue dans cette affaire.
Pour comprendre cette affaire, qui révèle les liaisons entre le dictateur Muammar al-Kadhafi et les sarkozystes, il faut s’intéresser à un homme clé : Ziad Takieddine. Déjà proche des réseaux balladuriens et chiraquiens, ce marchand d’armes franco-libanais aurait servi d’intermédiaire pour de nombreux contrats et opérations. A partir de 2005, l’homme d’affaires a progressivement tissé des liens avec le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et les dirigeants libyens. S’ensuivent plusieurs rencontres entre les deux camps, au fil desquelles la Libye aurait décidé de financer la campagne de Nicolas Sarkozy.
Les valises libyennes
Après des années de silence, l’intermédiaire Takieddine a livré en novembre 2016 un témoignage capital face aux caméras, puis devant la police : il affirme avoir lui-même acheminé trois valises d’argent libyen jusqu’au ministère de l’Intérieur, où Claude Guéant réceptionnait la marchandise. Au total, 5 millions d’euros auraient ainsi transité entre novembre 2006 et janvier 2007. Ses aveux concordent avec les déclarations d’un autre acteur majeur : Abdallah Senoussi, chef des services secrets libyens et beau-frère de Kadhafi. Ce dernier a dit avoir «personnellement supervisé le transfert de cette somme» lors d’une audition par la Cour pénale internationale (CPI) en 2012, selon Mediapart. Une note publiée, datant du 10 décembre 2006, semble aussi confirmer un accord de principe donné par le régime libyen pour réserver 50 millions d’euros à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Fait troublant, le temps de la campagne présidentielle de 2007, Claude Guéant aurait eu une grande chambre forte à la BNP et s’y serait rendu en personne à de multiples reprises peu après la date supposée de livraison des valises de Takieddine. L’ancien secrétaire général de l’Elysée a démenti et prétend qu’il mettait simplement à l’abri les discours de Sarkozy.
Hauts et bas des relations franco libyennes
Fin 2007, la Libye et la France affichent le réchauffement de leurs relations diplomatiques : Kadhafi est reçu en grande pompe par le nouveau président Nicolas Sarkozy, et plante sa tente dans le parc de l’hôtel de Marigny à Paris. Trois mois après, Claude Guéant fait l’acquisition d’un appartement parisien, notamment grâce à une soudaine entrée d’argent de 500 000 euros. Guéant affirme qu’il a vendu des tableaux, tandis que les enquêteurs le soupçonnent d’avoir obtenu de l’argent libyen via un autre intermédiaire, Alexandre Djouhri.
Les juges s’interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d’une villa située à Mougins (Alpes-Maritimes), pour environ 10 millions d’euros, à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier du régime. Les enquêteurs soupçonnent l’homme d’affaires Alexandre Djouhri d’être le véritable propriétaire et vendeur de ce bien et de s’être entendu avec Saleh pour fixer un prix d’achat «très surévalué». La justice cherche à savoir si ces montages financiers ont servi à transférer en France des fonds libyens destinés à la campagne de Nicolas Sarkozy.
Début 2011, les relations franco-libyennes se gâtent soudainement. Alors que le régime libyen vient de réprimer une insurrection à Benghazi, Nicolas Sarkozy va soutenir le renversement du pouvoir en place, qui aboutit à la mort du colonel Kadhafi.
Comment a débuté l’affaire ?
C’est en juillet 2011 que deux journalistes de Mediapart, Fabrice Arfi et Karl Laske, révèlent l’affaire et publient une dizaine de documents confidentiels mettant en lumière les relations entre l’intermédiaire libyen Takieddine et Claude Guéant dès 2003. L’article «Sarkozy-Guéant : le grand soupçon libyen» parle même de «négociations secrètes de contrats». Plus en détail, le marchand d’armes Ziad Takieddine est soupçonné d’avoir décroché des contrats pour le compte du régime libyen grâce à l’appui du ministère français de l’intérieur (Claude Guéant étant le directeur de cabinet du ministre Sarkozy). Il aurait ensuite touché des commissions occultes en 2007, en pleine campagne électorale française. L’article se termine même avec une anecdote : Takieddine a été arrêté par la douane au Bourget le 5 mars 2011, alors qu’il revenait de Libye, en possession de 1,5 million d’euros.
Où en est l’affaire pour les principaux suspects ?
Le 7 mars 2015, Claude Guéant est mis en examen dans l’affaire des tableaux pour faux et usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Ses biens immobiliers ont été saisis en 2017.
Alexandre Djouhri, est en détention provisoire en Angleterre depuis son arrestation en janvier 2017 à Londres, il est suspecté de «fraude» et «blanchiment d’argent». Il ne s’est pas présenté à une convocation de la justice française en 2016 et fait l’objet d’une demande d’extradition vers la France, qui sera examinée en juillet.
Ziad Takieddine a été mis en examen en septembre 2017 pour «complicité de diffamation» pour ses révélations, à la suite de plusieurs plaintes de Claude Guéant et de Nicolas Sarkozy pour diffamation. Mediapart est également poursuivi dans ces procédures. En matière de diffamation, les mises en examen sont quasi-automatiques.
La justice française souhaite interroger Bachir Saleh dans le cadre de cette affaire. Visé par un mandat d’arrêt international, il est actuellement en exil, et a été blessé par balles fin février 2017 en Afrique du Sud.
L’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, a été placé ce mardi en garde à vue. Brice Hortefeux, très proche de l’ex-président, ministre de l’Intérieur durant son quinquennat, est entendu en audition libre.
المركز المغاربي للأبحاث حول ليبيا
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تأسس المركز المغاربي للأبحاث حول ليبيا في جوان - يونيو 2015 في تونس، وهو أول مركز من نوعه يعمل بكل استقلالية من أجل تعميق المعرفة بليبيا في جميع المجالات والقطاعات، ويرفد بالمادة العلمية جهود المجتمع المدني في ليبيا لإقامة الحكم الرشيد، المبني على التعددية والتداول السلمي واحترام حقوق الإنسان . مؤسس المركز: الإعلامي والباحث التونسي رشيد خشانة يقوم المركز بنشر مقالات وأوراق بحثية بالعربية والأنكليزية والفرنسية، ويُقيم مؤتمرات وندوات علمية، وباكورة نشاطاته ندوة حول "إسهام المجتمع المدني في إعادة الاستقرار والانتقال الديمقراطي بليبيا" يومي 5 و6 أكتوبر 2015 بتونس العاصمة.
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