Samedi 05 juillet 2025 9 Mouharram 1447

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L’accord de Doha en voie d’application sur le terrain … Haftar domine le Sud libyen avec l’accord tacite d’Al Sarraj

 

 

Les troupes de l’Armée nationale libyenne (ANL), commandées par le maréchal Khalifa Haftar, ont annoncé, avant-hier soir, leur emprise complète sur les villes d’Ueddan, Houn et Soukna, ainsi que la base aérienne de Jofra.

Lesquelles conquêtes, après celles de Sebha et la base de Tamanhant, signifient l’emprise de Haftar sur la quasi-totalité de la région du Fezzan. Par ailleurs, les informations en provenance de toutes les localités de la région de Jofra ont rapporté que les groupes armés locaux ont remis leurs armes à l’ANL et exprimé leur satisfaction suite aux derniers développements de la situation dans la région.
Deux jours auparavant, des combats ont éclaté entre ces groupes locaux et les troupes des Colonnes de défense de Benghazi, appuyées par des «mercenaires tchadiens».

Le maréchal Haftar a déclaré que c’est la population du Sud qui s’est libérée et que ce sont les enfants de la région qui vont assurer la sécurité de leurs localités dans le cadre réglementaire fixé par la loi. «L’armée s’occupera des grandes œuvres de défense», a-t-il assuré. Quant aux forces du général Mustapha Charkassi (les Colonnes de défense de Benghazi), elles se sont repliées vers le Nord. Des informations, non confirmées, laissent entendre qu’elles rentreraient à Misrata, où elles disposeraient encore du soutien d’une partie des dirigeants de cette ville, en plus de celui du mufti limogé Sadok Ghariani.

Nouvel équilibre

Ces développements sur le terrain viennent en même temps que la «purge» exercée à Tripoli contre les groupes armés de la Jamaâ Moukatila de Abdelhakim Belhaj et ceux du gouvernement Ghouil, les vestiges de Fajr Libya. De là à dire qu’il y a un accord tacite entre Khalifa Haftar et Haythem Tajouri, le chef du Régiment des révolutionnaires de Tripoli, l’homme fort de Tripoli et le principal soutien militaire du gouvernement de Fayez Al Sarraj, il n’y a qu’un pas que plusieurs observateurs ont franchi.

Ainsi, le politologue libyen Ezzeddine Aguil pense que le maréchal Khalifa Haftar a reçu un signal favorable de Tripoli, l’autorisant à manœuvrer au Fezzan, en coordination avec les notables régionaux. Pour Aguil, l’emprise de Haftar sur le Sud équivaut à l’annonce du divorce irréversible entre le chef du gouvernement de réconciliation nationale, Fayez Al Sarraj, et les extrémistes des Colonnes de défense de Benghazi, qui n’ont pas respecté l’armistice signé entre Haftar et Al Sarraj à Doha, concernant la situation au Sud libyen.

«Al Sarraj ne peut plus défendre les troupes de Charkassi qui ont participé au carnage opéré dans la base de Barrak Chatt, près de Sebha, au Sud, ayant coûté la vie à 141 personnes le 17 mai dernier», a-t-il expliqué, en ajoutant que «ce qui se passe à Tripoli, Derna et dans le Sud, ce n’est que la réaction à la tuerie de Barrak Chat ; les groupes extrémistes sont lâchés par tout le monde et ils paient les frais de leur gaffe».
Pour sa part, l’ex-membre du Conseil national de transition d’El Khoms, le juge Abdelkader Minsaz, pense que l’accord de Doha entre Al Sarraj et Haftar se concrétise sur le terrain, avec la mainmise de Haftar sur les bases aériennes libyennes, à part celles de Misrata et Tripoli.

En plus, poursuit Minsaz, les milices sont en voie d’exclusion des villes, comme l’a exigé Haftar. «Les puissances étrangères ont fini par suivre Haftar qui n’a cessé d’insister sur la remise de la sécurité entre les mains des institutions», a-t-il constaté, en remarquant que c’est dans ce cadre que les milices de Haythem Tajouri, Les Révolutionnaires de Tripoli, ont remis cinq camps à l’armée.
Il ne reste maintenant que la grande bataille de l’autorité civile sur l’armée pour finaliser les amendements de l’accord de Skhirat de décembre 2015. Haftar a proposé à Al Sarraj un «conseil présidentiel intérimaire de trois personnes» : lui-même, Salah Aguila, le président du Parlement, et Fayez Al Sarraj.

Ce conseil s’occupera des questions stratégiques. Le gouvernement sera formé de technocrates, loin de toute répartition régionale. «Ce n’est certes qu’une proposition. Mais l’avancée de Haftar sur le terrain va lui donner davantage d’influence sur la décision en Libye», pense le politologue Ezzeddine Aguil. Mourad Sellami

 

Libye : Saïf al-Islam peut-il revenir au pouvoir ?

 

Une nouvelle fois, l’annonce de la libération du fils de Mouammar Kadhafi, samedi soir fait frémir la Libye de rumeurs. En grande partie parce que son possible retour en politique nourrit tous les fantasmes
« Ce qui se passe en Libye avec les Kadhafi, la Tunisie le vit aussi avec les Ben Ali. En situation de crise, les gens pensent que la situation antérieure était meilleure. » Pour autant, Rachid Khechana, directeur du Centre maghrébin d’étude sur la Libye (CMEL) à Tunis, ne croit pas à un retour de Saïf al-Islam au pouvoir en Libye.

« Les Libyens rejettent ce que représente sa famille. Saïf était presque le dauphin de son père. Il avait incarné, à travers sa fondation, une tentative de réforme en laquelle les Libyens avaient vu un nouveau système en gestation. Quand le père Kadhafi a enterré cette fondation, le désenchantement a été tel qu’il a contribué au soulèvement de 2011. Les Libyens n’ont pas oublié… »

Pourtant, samedi soir, la (nouvelle) annonce selon laquelle Saïf al-Islam, arrêté en 2011 par les milices formées d’anciens rebelles de Zintan et condamné à mort en 2015 à Tripoli par un gouvernement non reconnu, pour son rôle dans la répression meurtrière de la révolte de 2011, était libéré de prison, a immédiatement précédé des rumeurs sur son retour en politique.

Communiqué de la brigade Abou Bakr al-Sadiq

« Nous avons décidé de libérer M. Saïf al-Islam Mouammar Kadhafi. Il est désormais libre et a quitté la ville », a annoncé samedi sur Facebook la brigade Abou Bakr al-Sadiq, un des groupes armés qui contrôlent la ville de Zintan, à 170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, où le fils cadet du dictateur déchu Mouammar Kadhafi était détenu.

Cette remise en liberté correspondrait, selon la brigade, à l’application d’une loi d’amnistie promulguée par les autorités libyennes non reconnues basées dans l’Est. Mais en juillet 2016, ses avocats avaient déjà annoncé la libération de Saïf al-Islam. Cette fois, Karim Khan, l’avocat du fils Kadhafi, a indiqué à l’AFP qu’il n’était « pas en mesure de confirmer ni de démentir ces informations ».

Restent, encore et toujours, les rumeurs, selon lesquelles, il se serait réfugié à El Beïda, dans l’est de la Libye.

En théorie, cette zone de repli est possible, pour Maryline Dumas, journaliste, plusieurs fois partie en Libye pour MEE. « Car c’est là que se trouve la famille de sa mère. Il est inenvisageable pour lui d’aller à Tripoli où il été condamné à mort en 2015, et où plusieurs brigades se feraient un plaisir de le remettre en prison. De manière générale, tout l’Ouest une zone compliquée pour Saïf al-Islam. »

Mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité

De l’avis d’un membre d’une famille proche de l’ancien régime contacté par MEE, « Saïf al-Islam n’a que deux options : l’Est, où se trouve sa famille – et si c’est le cas, on verra assez rapidement des changements en Libye – ou le Sud, vers Oubari ou Sebha, où se trouvent aussi de nombreux soutiens. »

Rachid Khechana croit plutôt à une formule « plus réaliste » de « liberté surveillée » à Zintan qui n’a « aucun intérêt à le perdre ». « Il y a des gens qui ont peut pour lui mais d’autres qui le voient comme un concurrent et qui voudraient s’en débarrasser », souligne-t-il en mettant en évidence la précarité de sa situation.

« S’il était à El Beïda, cela supposerait qu’il ait déjà conclu une alliance avec Haftar, ce qui me paraît précoce. »

Même si en août 2016, l’ONU avait invité des kadhafistes historiques, dont un ancien président du Congrès du peuple (équivalent d’une assemblée législative sous la Jamahiriya) à s’exprimer lors de discussions sur une solution politique et économique à la crise, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé contre lui un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité en juin 2011. Elle l’accuse d’avoir joué un « rôle-clé dans la mise en œuvre d’un plan » conçu par son père visant à « réprimer par tous les moyens » le soulèvement populaire.

Avec ce mandat, tout déplacement à l’étranger sera très difficile.

« Mais si Saïf al-Islam veut jouer un rôle dans la Libye de demain, il restera dans son pays, où il dispose d’une base sociale suffisante pour l’accueillir et le protéger », souligne Rachid Khechana.

La solution pour Saïf al-Islam, nouer des alliances

Concrètement, le fils Kadhafi sait qu’il peut compter sur une partie des kadhafistes (ces derniers étant divisés à son sujet) présents un peu partout dans le pays, dans le parlement de Tobrouk (Est) et dans le gouvernement d’El Beïda, mais aussi en Tunisie ou en Égypte, sur les troupes de Zintan, et au Sud, sur quelques tribus toboues et surtout sur Ali Kana.

Cet ancien chef de l’armée de la zone sud sous Kadhafi, œuvre pour la constitution d’une armée du Fezzan (région méridionale de la Libye), dont l’effectif est difficile à chiffrer pour le moment. Ali Kana a d’ores et déjà annoncé que son groupe ne s’affilierait ni à Tripoli, ni à Tobrouk, mais seulement à un pouvoir qui reconnaîtrait la légitimité de la Jamahiriya.

En septembre 2015, l’autoproclamé Conseil suprême des tribus libyennes a d’ailleurs choisi Saïf al-Islam comme le représentant légitime du pays. Ce conseil rassemble essentiellement les tribus restées fidèles à Kadhafi et n’a pas de poids institutionnel mais la symbolique est forte.

« Les kadhafistes représentent un des courants principaux de la vie politique en Libye, mais pas une force politique à même de gagner une élection », analyse Rachid Khechana. « Il est vrai que les symboles du régime sont présents dans différentes régions du pays et que si un jour, des élections étaient organisées, ils auraient leur mot à dire. Mais ils ne sont pas majoritaires face aux islamistes, aux dissidents de l’ancien régime comme Haftar, et aux libéraux [Mahmoud Djibril], qui sont prêts à leur barrer la route. »

Une solution pour Saïf al-Islam serait donc de nouer des alliances.

« Les islamistes, qu’il a fait sortir de prison en 2006, pourraient se ranger à ses côtés », estime notre interlocuteur dont la famille était autrefois proche des Kadhafi. « Un rapprochement avec le Gouvernement d’union nationale [GNA] de Fayez al-Sarraj n’est pas non plus à exclure, surtout si les Algériens ou les Égyptiens font pression. Il est vrai que le GNA s’était opposé à l’amnistie à l’origine de la ‘’libération’’ de Saïf al-Islam, refusant qu’elle s’applique aux personnes accusées de crimes contre l’humanité. Mais s’il avait réellement été contre cette libération, il serait intervenu ».

Quant au maréchal Khalifa Haftar, il pourrait aussi constituer un allié de circonstance. « Voir à ses côtés Saïf al-Islam ne devrait pas le déranger tant que le fils Kadhafi ne cherche pas à le doubler. Et si cela peut lui permettre de peser davantage, il pourrait s’allier à lui », estime Maryline Dumas en soulignant qu’en Libye aujourd’hui, « tout est possible ».

C’est aussi l’avis de Rachid Khechana : « Haftar peut essayer de récupérer les kadhafistes contre les islamistes et Misrata, mais ils s’excluent mutuellement [chacun considérant avoir été trahi par l’autre]. Cela ne pourra donc être qu’une alliance provisoire. »

Sommet du G7 : consensus sur le terrorisme, statu quo sur le climat

 

Le sommet sera « difficile », avait prévenu avant l’ouverture de la réunion le président du conseil italien, dont le pays préside ce club des pays les plus riches de la planète.

Les dirigeants du G7, réunis vendredi 26 mai à Taormina, en Italie, ont facilement trouvé un terrain d’entente sur le terrorisme, après l’attentat meurtrier qui a frappé la Grande-Bretagne. Ils n’ont toutefois pas avancé sur le climat ni sur le commerce international.

Terrorisme : faire pression sur les géants d’internet
A l’issue d’une première journée de rencontres plénières et de bilatérales, les membres du G7 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Japon, Canada, Italie) ont adopté une déclaration contre le terrorisme, appelant notamment les acteurs de l’Internet à se mobiliser davantage dans la lutte contre « les contenus terroristes ».

Ils répondaient ainsi à une demande de la première ministre britannique, Theresa May, dont le pays a été touché lundi soir par un attentat à la sortie d’une salle de concert à Manchester, qui a fait 22 morts, dont de nombreux enfants. Un attentat revendiqué par l’organisation djihadiste Etat islamique. « C’est un pas en avant important. Il faut que les compagnies [de l’Internet] reconnaissent leur responsabilité envers la société », a déclaré Mme May lors d’une conférence de presse.

Le G7 s’est également engagé à mettre en œuvre « une approche collective » pour lutter contre le danger posé par les combattants étrangers de retour des zones de guerre, notamment en termes de partage de renseignement.

Climat : statu quo
En revanche, l’un des sujets les plus épineux à l’ordre du jour du G7, la lutte contre le réchauffement climatique, reste pour le moment dans l’impasse, a admis le président du conseil italien (premier ministre), Paolo Gentiloni :

« L’administration américaine a une réflexion interne sur la question, et les autres pays en ont pris acte. Nous avons, pour notre part, réaffirmé notre engagement total [pour l’accord de Paris sur le climat]. »
Les discussions sur la question devraient continuer samedi. Les Européens vont tenter de « convaincre » M. Trump de l’importance de cet accord, a réitéré une source diplomatique française, en insistant notamment sur les opportunités économiques et les possibilités de création d’emploi.

Vendredi soir, ces efforts semblaient commencer à porter leurs fruits. Le conseiller économique de Donald Trump, Gary Cohn, a ainsi fait savoir que « les vues [du président états-unien] évoluaient ».

Commerce international : dissensions
Autre sujet de dissensions, le commerce international et le rôle d’arbitre de l’Organisation mondiale du commerce, où les Etats-Unis veulent réviser leur position. Le conseiller économique de Donald Trump, M. Cohn, a dit s’attendre à une discussion « ferme » sur le sujet.

Les conseillers des délégations « vont travailler tard ce soir » pour tenter de parvenir à un consensus dans la déclaration finale, a fait savoir Mme Merkel lors d’une conférence de presse en début de soirée, évoquant des « controverses » sur les sujets climat et commerce.

« Nous avons eu une discussion animée mais franche, sur certaines questions nous avons pu nous entendre, sur d’autres non. »
Compromis sur les migrants et la Russie
Attendue sur ses relations avec la Russie, la Maison Blanche a clarifié sa position sur les sanctions contre Moscou dans la crise ukrainienne, en excluant de les alléger. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait dans la matinée appelé « tous les membres » du G7 à réaffirmer la politique de sanctions contre Moscou tant que les accords de paix de Minsk ne seraient pas mis en œuvre pour mettre fin au conflit qui a fait 10 000 morts en trois ans.

Par ailleurs, sur la question des migrants, une des priorités de l’Italie, qui est en première ligne dans le sauvetage des naufragés, un compromis semblait également se dessiner vendredi, mettant en avant la nécessité d’une approche globale et non uniquement axée sur l’aspect sécuritaire, selon des sources diplomatiques italiennes. « Il y a encore du travail sur cette question », a nuancé Mme Merkel.

Dans la capitale Libyenne, des affrontements font au moins 28 morts

Le centre de Tripoli a été le théâtre d’affrontements / AFP

 

Au moins 28 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées vendredi 26 mai dans de violents affrontements entre milices armées rivales à Tripoli, la capitale de la Libye. Ces combats ont opposé des forces loyales au gouvernement d’union nationale (GNA), soutenu par la communauté internationale, à des groupes rivaux au milieu de quartiers résidentiels de la capitale libyenne.

En fin d’après-midi, un groupe loyal au GNA s’est emparé d’une prison dans le sud de Tripoli où sont détenus les principaux dirigeants de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi. En fin de soirée, les ministères de l’intérieur et de la justice du GNA ont précisé que tous les prisonniers leur ont été remis. Les détenus sont « en bonne santé » et ils ont été « transférés dans un lieu sûr », ont ajouté les deux ministères dans un communiqué conjoint.

Plus d’une trentaine d’importantes personnalités de l’ancien régime sont détenues dans cette prison, parmi lesquelles le dernier premier ministre de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi, et l’ex-chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi, tous les deux condamnés à mort en 2015.
Un calme précaire en soirée

Les affrontements de vendredi ont fait au moins 28 morts et 128 blessés, a rapporté le porte-parole du ministère de la santé Anwar Frajallah, sans être en mesure de préciser dans l’immédiat qui étaient les victimes. Il a précisé que le bilan risquait de s’alourdir en raison de l’existence de « cas critiques ». « Certains hôpitaux n’ont pas été aussi en mesure de communiquer leurs bilans en raison d’un problème de télécommunication », a-t-il dit.

Un responsable de la sécurité du GNA, Hachem Bichr, a déploré pour sa part 23 morts et plus de 29 blessés dans les rangs des forces loyales.

Les combats ont commencé à l’aube dans les quartiers d’Abou Slim, Hadhba et Salaheddine dans le sud de Tripoli, où des chars et armes lourdes ont été déployés, selon des témoins.

« Les voix de la raison (…) doivent prévaloir dans l’intérêt du pays », a pour sa part réagi l’émissaire de l’ONU en Libye Martin Kobler. « Il faut protéger les civils », a-t-il ajouté dans un communiqué parvenu à l’AFP, en exhortant les groupes rivaux à s’abstenir de recourir à la violence à des fins politiques. En soirée, un calme précaire régnait dans la capitale sous la coupe de dizaines de milices et en proie à une insécurité chronique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

« C’est leur cadeau aux citoyens pour le mois de ramadan. »

Des groupes hostiles au GNA ont revendiqué, sur leurs pages Facebook, des attaques contre les forces loyales à cet exécutif soutenu par la communauté internationale.

Le GNA a accusé vendredi M. Ghweil et un chef de milice, Salah Badi, d’être responsables des attaques promettant de « riposter sans merci ». Les deux hommes, originaires de la ville de Misrata (ouest) étaient des leaders des milices de la coalition Fajr Libya qui avait pris le pouvoir à Tripoli en 2014. Ils « ont dépassé toutes limites. (…) Rien ne les arrête », a dénoncé le GNA dans un communiqué. « C’est leur cadeau aux citoyens pour le mois de ramadan. »

Les forces loyales au GNA avaient réussi à gagner en influence à Tripoli en chassant en mars des groupes rivaux de leurs fiefs, dans le centre de la ville et aux alentours, au prix de violents combats.

Six ans après la révolte ayant mis fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, la Libye reste engluée dans une interminable crise de transition, victime d’une insécurité persistante, d’une économie en lambeaux et de rivalités politiques incessantes.

 

Libye : la NOC fait état de ventes illégales de pétrole dans l’Est

 

Dans une déclaration publiée en début de semaine, la société publique libyenne du pétrole, NOC, a annoncé qu’elle a relevé des ventes illégales de pétrole brut en cours actuellement et opérées par un groupe d’individus armés, rapporte Reuters.

Ces ventes, précise le communiqué de l’entreprise, se font en dessous des prix en vigueur sur le marché. Par conséquent, la NOC a évoqué un manque à gagner de « plusieurs centaines de millions de dollars » pour l’économie nationale.

Ce constat survient peu après la recrudescence des affrontements entre les factions rebelles de l’Est et le retrait du parlement de l’Est de l’accord d’unification des deux compagnies d’Etat du pétrole. Malgré l’injonction faite par le parlement de l’Est aux hommes de l’armée nationale libyenne d’abandonner le contrôle des ports pétroliers, ceux-ci contrôlent toujours les installations et attendraient, selon Reuters, de passer le contrôle aux responsables de la NOC.

Olivier de Souza

Libye : Eni met la main sur un nouveau gisement de gaz et de condensat en offshore



Dans une mise à jour de ses activités en Libye publiée jeudi, le pétro-gazier italien Eni a annoncé la découverte d’un nouveau gisement de gaz et de condensat à 140 km au large de Tripoli. Elle a été faite dans la zone d’exploration Area D, sur le puits B1 16/3, situé à 15 km au sud-ouest du champ de Bouri et à 5 km au nord du champ de production Bahr Essalam.

Le puits, qui est situé à une profondeur d’eau de 150 m, a atteint une profondeur totale après forage de 2 981 mètres (9,780 pieds) et a rencontré le gaz et le condensat dans les formations Metlaoui datant de l’Eocène. Selon les premiers résultats communiqués par la compagnie, il est possible d’extraire jusqu’à 7 000 barils d’équivalent pétrole par jour de ce gisement.

C’est la troisième découverte de gaz et de condensat faite sur la zone depuis 2015. Elle fait partie intégrante de la stratégie d’Eni de prioriser et d’exploiter les champs proches de ses installations à terre pour réduire le temps de commercialisation en fournissant du gaz supplémentaire à la demande locale.

Eni, par l’intermédiaire de sa filiale Eni North Africa, est l’opérateur de la zone D qu’il contrôle de façon exclusive. C’est actuellement le principal producteur du pays avec un plateau d’extraction journalière équivalente à 350 000 barils.

Olivier de Souza

Les compagnies pétrolières égyptiennes veulent revenir sur le marché libyen

 

Au terme d’une réunion qu’ils ont tenue avec les responsables de la société publique libyenne du pétrole (NOC), les dirigeants de la société d’Etat égyptienne du pétrole (EGPC) et ceux de la société égyptienne de construction de projets pétroliers (Petrojet) ont laissé entendre qu’ils souhaitent réactiver leur présence en Libye.

Ont assisté à la réunion, Mustafa Sanalla, le patron de la NOC et le chef adjoint du Conseil présidentiel libyen, Ahmed Maetig. Ce dernier a souligné l’importance de la coopération économique entre les deux pays et souligné qu’il importe pour la Libye que ces deux entités égyptiennes reviennent dans le pays.
Il convient de souligner qu’afin de relancer son secteur pétrolier, la Libye souhaite attirer les investissements étrangers.
Par ailleurs, les trois compagnies ont pris l’engagement d’étudier ensemble des opportunités de développement de projets pétroliers dans le pays.
Le déclenchement de la crise politique libyenne en 2011 a contraint de nombreuses compagnies pétrolières à quitter le pays. Cette situation est à la base de la chute de la production pétrolière nationale. Celle-ci était de 1,6 million de barils par jour. Elle est aujourd’hui de 660 000 barils par jour.

Olivier de Souza

Colloque «Les universités libyennes: défis et perspectives»

  

 

Le CMEL a organise à Tunis le 14 et 15 Avril 2017,                     un colloque:  «Les universités libyennes: défis et perspectives »

Communiqué final

 

A l’initiative du Centre Maghrébin d’études sur la Libye s’est tenu les 14 et 15 Avril 2017 à Tunis le premier congrès scientifique autour du thème «les universités libyennes: défis et perspectives » avec le soutien de la Fondation Hans Seidel.

Ont pris la parole à la séance d’ouverture Dr Al Madani Aboulkacem Dkhil, recteur de l’université de Tripoli, Dr Zeyd AdDailami directeur régional de la fondation Hans Seidel au Maghreb et M. Rachid Khechana directeur du Centre Maghrébin d’études sur la Libye.

Des enseignants et chercheurs universitaires venant de Libye, Tunisie, Italie et France ont participé aux travaux du congres et ont présenté des papiers dressant un diagnostic de la situation actuelle et mettant en exergue les points forts et les faiblesses du système éducatif libyen. A la deuxième journée du congres les participants ont élaboré des propositions pour l’avenir.

Les participants ont salué la tenue de la première conférence scientifique consacrée à décrire l’état des lieux des universités libyennes dans un climat de franchise et de transparence et dans un esprit de réforme.

Se basant sur le diagnostic fait au cours des deux journées du congres, les participants ont abouti aux conclusions et recommandations suivantes :

° La nécessité de lancer un dialogue inclusif et franc entre les universitaires à travers toute la Libye, afin de mettre en œuvre une réforme radicale du système d’enseignement supérieur sans oublier les autres étapes d’enseignement en raison de leur impact direct sur l’enseignement supérieur.

° La nécessité de manifester une volonté politique d’entreprendre une réforme globale de l’enseignement ainsi que l’engagement de l’Etat à allouer une part consistante du budget au développement de la recherche scientifique.

° La restructuration du système d’enseignement supérieur afin d’améliorer son rendement et garantir son adéquation avec les besoins réels du marché du travail.

° La création d’un conseil supérieur de l’éducation.

° La révision des programmes d’enseignement pré-universitaire et en particulier ceux des facultés de l’éducation.

° Sauvegarder les universités des conflits politiques et protéger les étudiants d’être la proie des réseaux mafieux de la drogue et des armes.

° Reconstruire les universités détruites et réparer les infrastructures afin de garantir un climat normal et serein aux études.

° Développer la mission de l’université afin qu’elle puisse devenir la locomotive du développement social.

° Renforcer les capacités des universités de telle sorte qu’elles couvrent l’ensemble du personnel scientifique et techniques.

° Renforcer l’enseignement de l’histoire et de la géographie de la Lybie à tous les niveaux de l’enseignement.

° Intégrer l’enseignement de la philosophie et de l’éducation civile et politique à tous les niveaux de l’enseignement universitaire.

° Instituer l’égalité des chances et interdire toute forme de discrimination sur la base du genre dans toutes les nominations aux postes de direction dans les universités libyennes.

° Révision de la carte universitaire dans la perspective de réduire le nombre des universités régionales en les fusionnant afin de réduire les dépenses non justifiées .

° Encourager et développer les projets de partenariat entre les universités libyennes et les PME.

° Reconsidération des publications scientifiques et académiques émanant des universités.

° Mise en réseau des centres de recherche libyens avec les organisations internationales en vue de développer l’échange d’expériences et de fournir les statistiques les plus récentes ayant trait aux innovations et aux études produites par les universités libyennes.

° Mise en place d’un organisme d’enregistrement des brevets et des projets de fin d’études des étudiants et professeurs libyens afin de garantir leur enregistrement auprès de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

° Création d’un laboratoire de média dans chaque faculté de journalisme et des sciences de l’information.

Tunis le 17 Avril 2017

ONU : désaccords autour du choix d’un Palestinien comme émissaire en Libye

 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a défendu samedi par la voie de son porte-parole son choix de l’ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme émissaire de l’ONU en Libye, une nomination qui a été bloquée par les États-Unis.

Sa candidature « reposait uniquement sur les qualités personnelles reconnues de M. Fayyad et sur sa compétence pour ce poste », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. « Les employés des Nations Unies servent à titre strictement personnel et ne représentent aucun gouvernement, ni aucun pays », a-t-il ajouté.

Blocage américain

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, s’est opposée vendredi à la nomination de Salam Fayyad, déclarant dans un communiqué que les États-Unis n’étaient pas « en faveur du signal que cette nomination enverrait aux Nations Unies », où l’État de Palestine n’est pas reconnu comme un membre à part entière.

« Pendant trop longtemps, l’ONU a été injustement biaisée en faveur de l’Autorité palestinienne et au détriment de nos alliés en Israël », peut-on lire dans le communiqué.

L’ambassadeur israélien a applaudi la décision américaine, la décrivant comme « le début d’une nouvelle ère dans laquelle les États-Unis se tiennent fermement aux côtés d’Israël contre toute tentative de s’en prendre à l’État juif ».

Stéphane Dujarric a rappelé qu’aucun Israélien, ni Palestinien n’ont servi dans un poste de haut niveau aux Nations Unies et que « c’est une situation que le secrétaire général juge nécessaire de corriger » en fonction du mérite personnel et des compétences des candidats.

Les nominations des représentants spéciaux du secrétaire général de l’ONU doivent obtenir l’approbation unanime des 15 membres du Conseil de sécurité.

Guterres pris par surprise

La décision américaine de bloquer Salam Fayyad a pris le chef de l’ONU par surprise. « Sur la base des informations qu’il avait reçues, le secrétaire général avait le sentiment, qui s’est avéré faux, que cette proposition était acceptable pour les membres du Conseil de sécurité », a dit Stéphane Dujarric à l’AFP.

Salam Fayyad, 64 ans, a été Premier ministre de l’Autorité palestinienne de 2007 à 2013 et ministre des Finances à deux reprises. Il devait remplacer l’Allemand Martin Kobler, émissaire de l’ONU en Libye depuis novembre 2015.

La Palestinienne Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine, a condamné la décision américaine comme étant une « discrimination flagrante ».

Le président américain Donald Trump avait menacé les Nations Unies de mesures de rétorsions après l’adoption, en décembre, par le Conseil de sécurité d’une résolution condamnant les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens. « A partir de maintenant, les États-Unis agiront et ne feront pas que parler pour soutenir nos alliés », a ajouté Nikki Haley.

Soutien de la France

L’ambassadeur français François Delattre a apporté son soutien au choix de Salam Fayyad, « une personnalité de grande qualité, unanimement appréciée pour son expérience et son expertise », a t-il déclaré.

« La France renouvelle sa pleine confiance au Secrétaire général pour identifier la personnalité qui représentera les Nations unies sur le dossier libyen, sur lequel la communauté internationale doit être plus que jamais mobilisée », a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité discutera du conflit israélo-palestinien mercredi, jour où Donald Trump doit recevoir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche.

Festival « Pour la Libye / Min ajl Libya »

 

Tunis
Institut français de Tunisie (20-22, avenue de Paris)

sam, 11/03/2017
dim, 12/03/2017
Les ambassades de France en Libye et en Tunisie s’unissent afin d’organiser un festival « Pour la Libye / Min ajl Libya » les samedi 11 et dimanche 12 mars, dans les espaces de l’Institut français de Tunisie, pour célébrer la Libye, son patrimoine inestimable, son identité singulière, sa riche culture, sa création artistique et le foisonnement des initiatives de la société civile. Cette initiative commune aux Instituts français de Libye et de Tunisie démontre qu’une autre Libye est possible.

Au cours de ces deux journées, précédées d’une demie journée consacrée à l’économie (vendredi 10 mars, sur invitation uniquement), des événements riches et diversifiés seront organisés : des tables rondes sur le patrimoine et les sciences sociales, des rencontres avec des écrivains et des poètes autour d’un café littéraire, des conférences, une exposition composée de peintures, de calligraphies et de photographies et d’une installation d’art contemporain. Un espace de gastronomie libyenne, des interludes musicaux ainsi que des concerts de musique libyenne (malouf, zoukra, touareg et rap) accompagneront ce festival.

Cet événement sera placé sous le haut patronage de M. Jack Lang, président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) et organisateur de la conférence internationale sur le patrimoine en danger d’Abou Dhabi.

En invité d’honneur, M. Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre et auteur des cinquante propositions françaises pour protéger le patrimoine de l’humanité, présidera la table ronde consacrée au patrimoine antique de Libye.

Le programme détaillé sera publié ultérieurement sur ce site.