Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a défendu samedi par la voie de son porte-parole son choix de l’ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme émissaire de l’ONU en Libye, une nomination qui a été bloquée par les États-Unis.
Sa candidature « reposait uniquement sur les qualités personnelles reconnues de M. Fayyad et sur sa compétence pour ce poste », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. « Les employés des Nations Unies servent à titre strictement personnel et ne représentent aucun gouvernement, ni aucun pays », a-t-il ajouté.
Blocage américain
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, s’est opposée vendredi à la nomination de Salam Fayyad, déclarant dans un communiqué que les États-Unis n’étaient pas « en faveur du signal que cette nomination enverrait aux Nations Unies », où l’État de Palestine n’est pas reconnu comme un membre à part entière.
« Pendant trop longtemps, l’ONU a été injustement biaisée en faveur de l’Autorité palestinienne et au détriment de nos alliés en Israël », peut-on lire dans le communiqué.
L’ambassadeur israélien a applaudi la décision américaine, la décrivant comme « le début d’une nouvelle ère dans laquelle les États-Unis se tiennent fermement aux côtés d’Israël contre toute tentative de s’en prendre à l’État juif ».
Stéphane Dujarric a rappelé qu’aucun Israélien, ni Palestinien n’ont servi dans un poste de haut niveau aux Nations Unies et que « c’est une situation que le secrétaire général juge nécessaire de corriger » en fonction du mérite personnel et des compétences des candidats.
Les nominations des représentants spéciaux du secrétaire général de l’ONU doivent obtenir l’approbation unanime des 15 membres du Conseil de sécurité.
Guterres pris par surprise
La décision américaine de bloquer Salam Fayyad a pris le chef de l’ONU par surprise. « Sur la base des informations qu’il avait reçues, le secrétaire général avait le sentiment, qui s’est avéré faux, que cette proposition était acceptable pour les membres du Conseil de sécurité », a dit Stéphane Dujarric à l’AFP.
Salam Fayyad, 64 ans, a été Premier ministre de l’Autorité palestinienne de 2007 à 2013 et ministre des Finances à deux reprises. Il devait remplacer l’Allemand Martin Kobler, émissaire de l’ONU en Libye depuis novembre 2015.
La Palestinienne Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine, a condamné la décision américaine comme étant une « discrimination flagrante ».
Le président américain Donald Trump avait menacé les Nations Unies de mesures de rétorsions après l’adoption, en décembre, par le Conseil de sécurité d’une résolution condamnant les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens. « A partir de maintenant, les États-Unis agiront et ne feront pas que parler pour soutenir nos alliés », a ajouté Nikki Haley.
Soutien de la France
L’ambassadeur français François Delattre a apporté son soutien au choix de Salam Fayyad, « une personnalité de grande qualité, unanimement appréciée pour son expérience et son expertise », a t-il déclaré.
« La France renouvelle sa pleine confiance au Secrétaire général pour identifier la personnalité qui représentera les Nations unies sur le dossier libyen, sur lequel la communauté internationale doit être plus que jamais mobilisée », a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité discutera du conflit israélo-palestinien mercredi, jour où Donald Trump doit recevoir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche.
Messahel reçoit des représentants de Zentan
Au terme d’un entretien, hier à Alger, avec une importante délégation libyenne représentant la région de Zentan, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et des Etats de la Ligue arabe, a réitéré la position constante de l’Algérie par rapport à la crise en Libye. Cette position, a-t-il dit, «est fondée sur l’équidistance vis-à-vis de toutes les parties libyennes, le soutien au processus politique initié par les Nations unies visant le règlement définitif du conflit à travers un dialogue national élargi à l’ensemble des acteurs libyens, le respect de la souveraineté de la Libye et la non-ingérence dans ses affaires internes».
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, l’entretien a porté particulièrement sur les perspectives concernant «impulsion de la solution politique consensuelle et durable à la crise qui sévit en Libye à même de préserver l’unité, l’intégrité territoriale du pays et la cohésion de son peuple et de consolider la dynamique de dialogue inclusif libo-libyen pour la réconciliation nationale». Les membres de la délégation de Zentan ont, à cette occasion, fait une présentation sur la situation qui prévaut en Libye et les voies et moyens permettant de résoudre la crise dans le pays, souligne le même communiqué. Aussi, les membres de la délégation ont salué «les efforts inlassables» de l’Algérie pour «soutenir et accompagner la mise en œuvre de la solution politique dans le cadre de l’accord politique libyen signé en décembre 2015». Cette visite, qui s’inscrit dans le cadre des rencontres avec les parties, personnalités et leaders politiques libyens dans la foulée des récents développements de la situation en Libye, «se situe au titre des efforts que déploie l’Algérie et qui visent à rapprocher les points de vue des parties libyennes», ajoute le communiqué.
Rédaction internationale
Rencontres marathoniennes entre Tunis, Alger, Le Caire et Ankara

Béji Caïd Essebsi à Alger pour rencontrer Abdelaziz Bouteflika ; Ahmed Ouyahia à Tunis pour rencontrer Rached Ghannouchi et le dirigeant islamiste libyen Ali Sallabi ; ces deux derniers à Ankara pour une réunion avec Fayez El Sarraj et l’autre islamiste libyen Abdelhakim Belhaj, sous le parapluie turc ; le président du Parlement libyen Salah Akila à Tunis et au Caire pour rencontrer Caïd Essebsi et Al Sissi ; Khalifa Haftar à Alger et au Caire pour rencontrer les hautes autorités ; le dirigeant libyen Mahmoud Jibril à Tunis pour rencontrer Caïd Essebsi, et la liste des mouvements est encore très longue ces deux derniers mois.
«L’idée du consensus, c’est donner de l’espace à l’autre, autour de la même table, et nous sommes sensibles à cette approche», a dit, sur France 24, Fathi Majbri, le vice-président réfractaire du Conseil de la présidence libyenne, favorable à l’esprit de cette initiative, basée, faut-il le rappeler, sur le rejet de l’exclusion et la patience dans la réunion de toutes les conditions nécessaires pour garantir la réussite du processus de réconciliation.
L’initiative algéro-tuniso-égyptienne prône, en effet, une solution politique, reconnaissant certes l’accord de Skhirat de décembre 2015, mais proposant, toutefois, de réduire le Conseil présidentiel à trois membres (au lieu de neuf) et lui attribuer des tâches essentiellement politiques, alors qu’un gouvernement de technocrates veillera aux affaires courantes. «Ce n’est qu’une proposition inspirée de la transition en Tunisie, qui reste sujette à toutes les modifications dans le cadre du dialogue qui va s’installer», assure-t-on à Tunis.
Signaux positifs
Les premiers résultats politiques apparaissent déjà sur la scène. La communauté internationale s’éloigne de son attachement aveugle à l’accord de Skhirat, à commencer par l’envoyé spécial de l’ONU, Martin Kobler, qui a reconnu dans son rapport devant le Conseil de sécurité, mercredi dernier, que «les deux derniers mois ont vu des progrès visibles et des visions convergentes de l’est, du sud et de l’ouest sur des amendements à l’accord politique». Même son de cloche chez les Britanniques, très actifs en Libye.
Dans une interview sur la revue électronique libyenne Al Wassat, l’ambassadeur britannique à Tripoli, Peter Millet, a salué l’initiative algéro-tuniso-égyptienne et a déclaré : «C’est un pas très utile pour la sécurité, la stabilité et la prospérité en Libye.» Les mêmes échos favorables sont perceptibles à l’intérieur de la Libye, aussi bien à l’Est, qu’à l’Ouest ou au Sud. Le porte-parole du gouvernement de réconciliation, basé à Tripoli, Achraf Thalthi, reconnaît : «Monsieur Haftar est une force présente sur le terrain et une partie de l’équation.» Il déclare avoir «plusieurs dénominateurs communs» avec Haftar et espère que ce dernier «rejoindra le parapluie de la réconciliation».
Même attitude positive chez Moussa Kouni, le vice-président du Conseil présidentiel du gouvernement de réconciliation, représentant le Sud libyen. «Nous sommes favorables à une reformulation de la structure de la gouvernance, vers plus d’équilibre», a-t-il déclaré au téléphone à El Watan. Khalifa Haftar a déclaré, lui-même, au Caire, être «favorable à toute initiative entreprise par les amis de la Libye et qui réunit les Libyens».
Nœud du problème
Il suffit d’essayer de sonder un peu les déclarations des différents intervenants pour comprendre que c’est le rôle qui va être attribué à Haftar qui pose encore problème. En effet, toutes les déclarations internationales insistent sur le principe de placer l’armée sous une autorité civile. Une déclaration du département d’Etat américain, diffusée vendredi dernier, appelle à «l’édification d’une force militaire nationale unie, sous une direction civile, qui soit en mesure d’assurer la sécurité à tous les Libyens». Même requête à Bruxelles, les Européens veulent que Moscou «convainc Haftar d’une résolution politique où il aura un rôle militaire, sous une direction politique». Tout le monde lorgne donc du côté de Moscou pour voir la réaction russe. Haftar a d’étroites relations avec les Russes.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a récemment rencontré son homologue russe, Sergeï Lavrov. La Russie a certes exprimé son soutien à l’initiative des pays du voisinage. Mais, forte de sa réussite en Syrie et des acquis obtenus militairement par Haftar sur le terrain en Libye, l’appétit russe peut ne pas réagir à la diplomatie des voisins de la Libye.
Le défi majeur face à l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte, c’est de convaincre les islamistes de se désister de certains acquis obtenus grâce à l’accord de Skhirat. C’est, semble-t-il, acquis, en contrepartie du maintien des islamistes sur l’échiquier politique. Par contre, il faut batailler pour convaincre Haftar et, derrière lui, l’Egypte, les Emirats et, surtout, la Russie, de cette solution.
Mourad Sellami
A l’ouest, le pétrole libyen coule de nouveau
chape de ciment constellée de pierres. La carapace protège un oléoduc et un gazoduc souterrains qui relient sur plus de 700 km les champs du désert au littoral libyen. Et si ce segment précis de Rayayna revêt quelque importance, c’est tout simplement qu’une milice locale en avait serré les écrous depuis l’automne 2014, paralysant l’essentiel de l’exploitation des hydrocarbures de l’Ouest libyen et infligeant à l’économie nationale, selon les sources officielles de Tripoli, un manque à gagner de 27 milliards de dollars (25 milliards d’euros).
La pratique est assez courante dans le chaos qu’est devenue la Libye post-Kadhafi : des groupes armés prennent en otage des infrastructures – puits, oléoducs, terminaux, raffineries – afin de promouvoir leur agenda politique. Conséquence : la production d’or noir de la Libye, ancien géant pétrolier d’Afrique, a spectaculairement chuté, atteignant en 2016 à peine le quart de son niveau d’avant la révolution.
A la mi-décembre 2016, la nouvelle est tombée dans une certaine incrédulité : le blocage de Rayayna a été levé. Plus de deux ans plus tôt, un groupe armé de Zinten, ville située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Rayayna, avait imposé en cet endroit la fermeture des canalisations qui acheminaient le pétrole et le gaz des champs de Sharara et d’El-Feel, au cœur de la région méridionale du Fezzan, vers la raffinerie de Zaouïa et le complexe gazier de Mellitah sur le littoral méditerranéen, à l’ouest de Tripoli. Officiellement, le groupe relève de la très officielle organisation des Gardes des équipements pétroliers (GEP).
Un visage plus avenant
Mais, dans la Libye fragmentée de l’après-2011, les branches locales des GEP sont devenues de banales milices au service des communautés locales en voie de militarisation. A Rayayna, les « Gardes » se sont mis au service de la cité voisine de Zinten dont ils sont issus. Et quand éclata la guerre civile de l’été 2014 contre la coalition à dominante islamiste Fajr Libya (« aube de la Libye »), les Zintenis ont fermé l’oléoduc et le gazoduc. « Nous l’avons fait pour empêcher nos adversaires des milices du littoral et de Tripoli d’acheter des armes avec les revenus du pétrole », explique Mohamed Al-Gorj, un ancien porte-parole des GEP de Rayayna.
Interview avec Mohamed tahar Siala : «Après la bataille de Syrte, la lutte contre le terrorisme en Libye n’est pas terminée»

Pour lutter contre l’instabilité qui ronge le pays, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Taha Siala, explique comment le gouvernement d’union nationale construit une «garde présidentielle» de 6 000 à 10 000 hommes.
«Après la bataille de Syrte, la lutte contre le terrorisme en Libye n’est pas terminée»
Le début de l’année a été chaotique en Libye, marqué par plusieurs épisodes de violences qui ont enflammé le sud du pays et Tripoli. De passage à Paris, dimanche, pour assister à la conférence pour la paix au Proche-Orient, Mohamed Taha Siala, le ministre libyen des Affaires étrangères, revient sur la situation de son pays, dix mois après l’installation du gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale.
La semaine dernière, plusieurs ministères sont passés brièvement sous contrôle de forces hostiles au gouvernement d’union nationale. Celui-ci est-il dépassé, même dans la capitale ?
La cause première de l’insécurité est l’abondante circulation des armes. Parmi les responsables de ces violences, il y a une partie de l’ancien gouvernement de Khalifa al-Ghwell, qui appartient au mouvement Aube libyenne, et aussi des acteurs ambitieux qui ont des motivations personnelles. Pour lutter contre l’insécurité, nous avons lancé récemment la création d’un corps de garde présidentielle. Ni police, ni armée, il serait similaire à la gendarmerie qui existe en France ou en Algérie. Son rôle premier sera de protéger les institutions de l’Etat, le siège du gouvernement et le Conseil présidentiel. Un commandant a déjà été nommé et le recrutement a commencé : nous voulons entre 6 000 et 10 000 gardes. Mais notre problème est leur armement. Il faut un équipement spécifique. Or la Libye est toujours soumise à un embargo sur les armes. Nous ne demandons pas sa levée, mais une exception pour équiper notre nouvelle force. Nous avons entamé une procédure auprès du Conseil de sécurité de l’ONU en ce sens.
Les membres des milices pourront-ils intégrer cette force ?
En tant qu’individus oui, s’ils remplissent les conditions nécessaires, mais pas collectivement. Nous n’intégrerons pas de groupes. Ce serait trop dangereux, et cela pourrait causer des problèmes de loyauté. Tous les gardes présidentiels suivront une formation. Celle-ci pourra se faire avec des pays partenaires, comme la France, qui dispose d’une gendarmerie nationale proche du modèle que nous voulons mettre sur pied.
La production pétrolière de la Libye est repartie. Les fonds tirés de la vente de brut arrivent-ils enfin dans les caisses de l’Etat ?
L’Etat produisait 1,6 million de barils par jour avant la révolution. Ce chiffre était descendu à 100 000. Aujourd’hui, après la libération des terminaux pétroliers, nous produisons 700 000 barils par jour. La NOC [société pétrolière nationale, ndlr] vend le pétrole. Elle est désormais unifiée. Les fonds sont versés directement sur son compte à la Banque centrale de Tripoli. Le Conseil présidentiel a besoin de cet argent pour travailler, mais nous avions un problème d’accès aux fonds. L’argent du pétrole est censé abonder un fonds souverain, et non directement les caisses de l’Etat. Il fallait donc voter de nouvelles dispositions, pour faire face à l’urgence. Or c’est la Chambre des représentants qui doit ratifier le budget, et celle-ci ne se réunit plus. Plusieurs réunions internationales, à Londres et Rome, avec le FMI, la Banque mondiale et les pays amis de la Libye, ont permis de dépasser ce blocage. Exceptionnellement, le Conseil présidentiel pourra lui-même ratifier le budget de 2017. Celui-ci est de 37,5 milliards de dollars. Il y a un trou de 11 milliards, entre les revenus estimés et les dépenses. Mais nous pensons que la hausse du prix du baril ou l’augmentation de la production pétrolière permettront de le combler.
Il y a quelques jours, Tripoli a été plongé dans le noir. Les coupures d’eau et d’électricité sont récurrentes. Comment l’expliquez-vous ?
C’est un problème complexe. Le réseau libyen de centrales thermiques, au gaz et au fioul, était le plus puissant de la région. Nous fournissions même de l’électricité à nos voisins. Mais certaines installations ont été endommagées par les frappes de l’Otan en 2011 et n’ont jamais été réparées. D’autres sites sont contrôlés par des brigades qui bloquent le gaz ou le pétrole, tant qu’elles n’ont pas été payées. Enfin, certaines centrales sont paralysées par des employés qui n’ont pas reçu leurs salaires depuis des mois, faute d’argent dans les caisses de l’Etat.
L’autre motif de colère de la population est la crise des liquidités…
C’est un cercle vicieux. Comme la production de pétrole a chuté, les devises étrangères en circulation ont plongé, les grands commerçants ont, eux aussi, arrêté de déposer leurs devises dans les banques, mettant ces dernières à court de cash. Par ailleurs, les salaires sont payés irrégulièrement, ce qui crée un autre trou pour les banques. Enfin, 8 à 10 milliards de dollars sortent du pays chaque année pour financer des milliers de Libyens expatriés. En fait, la confiance dans le système bancaire s’est écroulée. Le gouvernement d’union nationale ne peut pas se contenter d’attendre que la production de pétrole reparte en se croisant les bras. Nous avons mis en place un système de cartes de crédit, injecté de nouvelles liquidités dans le système, et l’économie redémarre : peu à peu, la crise va se résorber.
De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’accord de Skhirat, qui devait servir de feuille de route pour réconcilier la Libye. Est-il encore applicable ?
Faïez el-Serraj [à la tête du Conseil présidentiel et du gouvernement d’union nationale, ndlr] n’a pas négocié l’accord, il en est le produit. Le texte prévoit une concorde nationale, ce qui doit rester la priorité absolue, mais il est interprété différemment par les parties. Aguila Saleh [le président de la Chambre des représentants, installée à Tobrouk], après avoir exigé d’élargir le nombre de membres du Conseil présidentiel à neuf, pour disposer de plus de représentants, demande aujourd’hui qu’il soit restreint. Car les décisions doivent être prises à l’unanimité. C’est un problème, qui paralyse l’activité du Conseil. Faïez el-Serraj ne voit aucun inconvénient à ce que l’accord soit renégocié.
Le Conseil présidentiel dialogue-t-il avec les autorités militaires de l’Est, qui ne reconnaissent pas son autorité ?
La Chambre des représentants a nommé Khalifa Haftar comme chef des armées. Mais celui-ci refuse de travailler sous une autorité civile. Nous estimons qu’une gouvernance militaire, dictatoriale, comme sous l’ancien régime, est inacceptable. Le chef des armées doit être le président du Conseil présidentiel. L’autre point de discussion est le statut de chef de l’Etat : le président du Parlement, Aguila Saleh, voudrait bénéficier de ce statut. Or c’est impossible, selon nous, au nom de la séparation des pouvoirs. C’est Faïez el-Serraj qui doit assumer ce rôle, jusqu’à la tenue d’une élection présidentielle ou d’élections générales. Il y a actuellement des tentatives de réunir les trois parties, Serraj, Saleh et Haftar, pour dépasser ces blocages.
Après la reconquête de Syrte, qui était contrôlé par l’Etat islamique, où en est la Libye dans sa lutte contre le jihadisme ?
Le Conseil présidentiel a voulu que Syrte soit libéré par des forces 100% libyennes. Les jeunes, par leur sacrifice, ont pu reprendre la ville. Le Conseil avait demandé un soutien aérien à Washington, circonscrit dans le temps et la durée. En revanche une intervention terrestre, sujet très sensible en Libye, est hors de question. Nous sommes conscients que la guerre contre le terrorisme n’est pas terminée. Nous travaillons selon la liste des organisations terroristes définies par les Nations unies. L’Etat islamique, Al-Qaeda, Ansar al-Charia sont sur cette liste. Ils ne s’enracinent pas en Libye, ils n’ont pas de base populaire : les Libyens pratiquent un islam moderne, ils sont tous sunnites, de rite malékite pour la grande majorité (avec une minorité ibadite). La majorité des combattants de l’Etat islamique sont étrangers, ils viennent du Soudan, de Tunisie, d’Egypte…
Il y a aussi beaucoup de jihadistes de nationalité libyenne, depuis longtemps. Certains sont revenus d’Irak ou de Syrie…
L’Etat islamique a voulu étendre son territoire en profitant de la situation d’insécurité en Libye. Mais la population l’a chassé des villes. Tout comme les Libyens l’ont chassé de Syrte.
Ces dernières semaines, les forces de Misrata et celles du général Haftar sont entrées en confrontation. Que peut faire le gouvernement d’union nationale pour éviter une guerre ouverte ?
C’est une inquiétude. Nous comptons sur le dialogue. Le Conseil présidentiel a refusé de soutenir les affrontements. Il faut absolument rassembler les sages, les chefs de tribus, les leaders politiques, pour empêcher l’escalade. Nous pensons que les Libyens peuvent s’entendre, si les interventions de l’extérieur cessent.
De quelles interventions parlez-vous ?
[Rires] Ce n’est pas la peine de les nommer. Elles sont connues. La Libye est un pays riche, plein de ressources, avec des frontières avec six pays. C’est difficile de contrôler toutes ces frontières. Nos voisins ont des inquiétudes, elles sont légitimes. Mais la Libye doit régler ses problèmes entre Libyens.
Libye, la nouvelle donne
Cas spécifique, la Libye s’est distinguée par une « centralisation » conjoncturelle et approximative, s’accommodant de la survivance des entités tribales et de l’opposition des pôles économiques de Benghazi, en relation avec l’Egypte et de Tripoli, plus maghrébine. L’unité postindépendance toléra cet état de fait. L’unification par le régime kadhafien et sa surenchère panarabe puis africaine furent soutenues par l’apport pétrolier. L’actualité libyenne restitua la démarcation régionale et réaffirma les entités tribales. Suite à la disparition de « l’appareil d’Etat » kadhafien, l’Etat-nation jamahirien est de fait remis en cause. Les aléas des élections ont établis deux pouvoirs : le gouvernement de Tripoli, représentant le bloc politico-militaire Fajr Libya (Aube de la Libye) régnant à Tripoli, à l’Ouest, où les Frères musulmans exercent une influence dominante et le gouvernement du Chambre des représentants élus en 2014, connu sous le nom de « gouvernement de Tobrouk », basé à l’est du pays. Ce gouvernement peut compter sur la loyauté du général Khalifa Haftar. La démarcation géopolitique régionale et les jeux de rôles sur la scène arabe surévaluaient l’opposition entre les gouvernements de Tripoli et de Tobrouk.
Suite à l’intervention de l’ONU, les négociations entre les protagonistes à Skhirat, Alger et Tunis, ont permis la formation du gouvernement d’union de Faez Sarraj. Mais il trouve des difficultés à prendre le relai des pouvoirs établis. La situation s’est aggravée par l’émergence de Daech. Elle a, d’ailleurs, pris le contrôle de Syrte, au cours du premier trimestre 2015. La bataille pour la reprise de la ville natale de Moammar Kadhafi a été engagée et gagnée, mais le péril terroriste subsiste. D’autre part, les forces impliquées dans cette bataille étaient pour la plupart de Misrata (Louis Imbert, « à Syrte, les derniers feux du califat », Le Monde, 31 août 2016). L’armée libyenne de l’Est dirigé par Khalifa Haftar, n’a pas participé à cette bataille. Fait évident, le gouvernement Sarraj n’a d’ailleurs qu’une emprise relative, depuis son installation en mars 2016. Les négociations entre les membres du dialogue politique libyen, dont est issu le gouvernement d’union nationale (GNA), n’ont pas permis de formuler un compromis. On ne parvint pas à conclure un accord.
Le nouveau statut du général Haftar : L’assaut surprise mené les 11 et 12 septembre 2016, par ses forces du général Haftar contre les terminaux pétroliers défie ouvertement le gouvernement de Sarraj et ses parrains occidentaux. Il consolide les positions du gouvernement de Tobrouk et établit un rééquilibrage des forces, en leur faveur, sur le terrain. A la recherche de plans, pour stabiliser une Libye en plein chaos, les USA et les puissances européennes appréhendaient le général Haftar » comme un problème, jamais franchement comme une solution » (Frédéric Bobin, « Libye : le regard sur le général Haftar est en train de changer », Le Monde, 17 septembre 2016). Depuis que les forces de l’Armée nationale libyenne qu’il dirige ont enlevé, le Croissant pétrolier, la principale plate-forme d’exportation du brut libyen située en Cyrénaïque (Est), le regard est en train de changer sur le général Haftar. Il a, d’autre part, libéré, dans une large mesure, la région de Benghazi, des groupuscules terroristes. Le souci de l’intégrer dans la formation gouvernementale d’union, remettrait en cause l’ensemble du plan des Nations unies sur la Libye, issu d’un accord politique (signé fin 2015 à Skhirat au Maroc). La visite de Haftar en Russie et en Algérie semble annoncer un changement de la donne. Le général libyen Khalifa Haftar a effectué le 27 et 28 novembre 2016 une visite de 48 h à Moscou. Cette visite intervient quelques jours après que l’Egypte lui ait, elle aussi, officialisé son soutien. Le maréchal Haftar a rencontré le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoïgou, et s’est entretenu, lundi 28 novembre, avec le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Il ne cache pas qu’il est venu chercher le soutien militaire de Moscou. Au mois d’octobre dernier, le journal russe Isvestia, citant une source diplomatique, révélait d’ailleurs que les Libyens demandaient aux Russes des armes et du matériel militaire y compris des avions. Cette visite été qualifié de « visite officielle ». C’est une première. Mais il était déjà allé à Moscou en juin 2016 ; il y avait rencontré le ministre de la Défense Serguei Shoigu, et le secrétaire du Conseil de sécurité nationale Nikolaï Patrouchev. D’autre part, le maréchal Haftar a effectué une visite à Alger le 16 décembre 2016. Peut-on parler d’un changement d’attitude d’Alger, qui avait une position très réservée sur lui ? Le blocage de l’accord d’entente nationale signé au Maroc il y a un an, la domination de Haftar des champs pétroliers et ses velléités d’occuper la Tripolitaine, auraient poussé Alger à réviser sa position le concernant. D’ailleurs, l’actualité semble annoncer que le général Haftar s’est imposé comme l’homme fort en Libye et qu’il y serait devenu incontournable, vu ses victoires militaires.
Vers un sommet Tunis, Alger, Le Caire : Les entretiens des présidents Béji Caïd Essebsi, et Abdelaziz Bouteflika (Alger, 15 décembre 2016) et l’échange des points de vue sur les questions bilatérales et les affaires maghrébines, permirent une concertation sur la situation en Libye. Ce fut vraisemblablement à l’issue de ces entretiens, que le président tunisien présenta son initiative d’un sommet des pays de voisinage libyen : Tunis, Alger, Le Caire, pour encourager toutes les parties libyennes au dialogue et d’envisager l’identification d’un consensus nécessaires, pour mettre fin à la crise. Alger et Tunis multiplièrent d’ailleurs, les contacts, avec les protagonistes : Dans ce contexte eut lieu la visite de travail, à Alger le 25 décembre du président du Conseil du gouvernement d’entente nationale de Libye, Faiz Serradj. Rappelons que l’arrivée de Faiz Serradj est intervenue quelques jours après la visite du maréchal Khalifa Haftar. D’autre part, le président du parlement Aguila Salah, établi à Tobrouk, s’est rendu à Tunis et a eu des entretiens avec le président Béji Caïd Essebsi, le 5 janvier. Le sommet des pays du voisinage fut donc mis à l’ordre du jour. A cet effet, « la coordination est en cours, notamment, avec l’Algérie et l’Egypte pour assurer la réussite de cette initiative et atteindre tous ses objectifs », indique un communiqué de la présidence de la République tunisienne. Cette mobilisation des pays du voisinage, affirmant la volonté libyenne, respectant sa souveraineté, faisant valoir la dynamique interne et rejetant les jeux rôles extérieurs, pourrait-elle assurer la réconciliation générale et reconstruire l’unité nationale ? Wait and see.
Sécurité aux frontières … L’ANP en état d’alerte
Les unités de l’Anp sont actuellement en état d’alerte au niveau des frontières avec la Libye et le Mali, alors que le dispositif sécuritaire mis en place sur la bande frontalière algéro-tunisienne vient d’être renforcé pour une meilleure surveillance.
Des consignes de «vigilance accrue» et d’«anticipation sur tout mouvement» en direction du territoire national ont été données par la plus haute hiérarchie militaire.
Le renforcement en effectifs et en moyens matériels des groupes terroristes activant dans la bande sahélo-saharienne, notamment au Mali et au Niger, la dégradation de plus en plus inquiétante de la situation en Libye, le retour probable de quelque de 2000 à 2500 combattants tunisiens vers leur pays d’origine, ainsi que la prolifération des trafics d’armes et de drogue sur un terrain disputé avec violence entre les Touareg et les Toubous du sud de la Libye font craindre le pire à l’Algérie, qui a mobilisé des dizaines de milliers d’hommes le long de ses frontières sud et nord-est.
Doté de moyens importants et appuyé par une logistique de surveillance aéroportée, ce dispositif a permis la récupération d’une quantité impressionnantes d’armes de guerre, de drogue, mais aussi d’explosifs. La dernière opération a eu lieu vendredi dernier au sud de Tamanrasset, non loin de la frontière avec le Mali, et s’est soldée par la récupération d’un véritable arsenal de guerre composé d’un mortier de calibre 60 mm, d’un lance-roquettes RPG-7, d’un lance-roquettes RPG-2, d’un canon SPG-9, de deux mitrailleuses de calibres 14,5 et 12,7 mm, d’une mitrailleuse de type PKT, de deux fusils mitrailleurs type FMPK, de 9 pistolets mitrailleurs de type kalachnikov, de deux fusils semi-automatiques de type Simonov, d’un fusil à répétition et d’une quantité de munitions de différents calibres.
Dans son communiqué rendu public à l’issue de cette opération — qui, faut-il le préciser, n’est pas la première du genre — le ministère de la Défense a exprimé «l’engagement et la détermination des unités de l’ANP à garantir la sécurisation de nos frontières» et surtout, lit-on, «à empêcher toute tentative d’atteinte à l’intégrité et à la sécurité du territoire national».
Les quantités de plus en plus importantes d’armement de guerre dissimulées dans le désert, non loin des frontières avec la Libye, le Niger et le Mali, dénotent de la volonté des terroristes, qui agissent en toute liberté au-delà de nos frontières, à alimenter en armes et en munitions les résidus d’Aqmi et autres organisations criminelles asphyxiées et affaiblies par l’offensive des forces de sécurité et leur rejet par la population, afin de reprendre du terrain.
La menace n’aurait jamais été aussi importante si ces groupes n’avaient pas trouvé un appui, voire une complicité des puissances occidentales à l’origine de «la politique du chaos» mise en œuvre en Libye en 2012.
Aujourd’hui, les groupes de Daech se sont emparés du littoral libyen et attendent le ralliement à leurs rangs de quelque 3000 à 3500 terroristes maghrébins de l’Etat islamique (EI) ayant fui les bombardements en Irak, en Syrie et au Yémen, alors que des sources sécuritaires parlent du repli de centaines d’éléments armés de Boko Haram du nord du Nigeria vers la Libye, et les phalanges extrémistes affiliées à Aqmi qui étaient, au départ, circonscrites au nord du Mali ne cessent d’élargir leur champ d’action qui s’étend aujourd’hui jusqu’au sud du Burkina Faso. Même le plus recherché des terroristes au Sahel, le dénommé Belaouer (le borgne) Mokhtar Belmokhtar (qui a rejoint AQMI après une courte dissidence), annoncé comme tué par les Américains en Libye, revient sur le terrain, plus puissant «en hommes et en armes».
Les interventions françaises (au nord du Mali) Serval, puis Barkhane et l’installation de bases militaires françaises au Mali et au Niger, à quelques kilomètres de la Libye, mais aussi américaines et italiennes, n’ont malheureusement pas réduit la menace terroriste. Bien au contraire, elles ont accentué la prolifération des armes, l’élargissement du champ d’action des phalanges de la mort, élargi la fracture intercommunautaire et renforcé la menace sur toute la région qui entoure l’Algérie pour l’affaiblir et réduire de son poids régional. Plus de quatre ans après l’intervention française au nord du Mali, le terrorisme frappe encore plus fort dans ce pays qui a enregistré 257 actes terroristes en 2016.
Et l’année 2017 a été entamée par un attentat kamikaze qui a fait plus de 70 morts et une centaine de blessés à Gao, région où se concentre le plus gros du contingent de 11 000 hommes (Minusma, la mission de l’Onu au nord du Mali), et 1500 des 2500 militaires français engagés pour lutter contre le terrorisme.
Mise face à un défit majeur, l’Algérie a non seulement renforcé ses effectifs à ses frontières, mais depuis quelques jours elle a mis son dispositif en alerte n° 1 tout le long de la bande frontalière qui la sépare de la Libye et du Mali, et ordre a été donné de maintenir une vigilance accrue et d’anticiper tout mouvement suspect de personnes vers le territoire algérien.
Ce dispositif a été appuyé par d’importants moyens techniques de surveillance aérienne, alors qu’au niveau de la frontière algéro-tunisienne un redéploiement des forces de l’Anp a été décidé dans le cadre d’une nouvelle stratégie qui consiste, nous dit-on, à «mieux contrôler» le trafic entre les deux pays. Nos interlocuteurs expliquent que dans le cadre de ce dispositif, «le volet renseignement a pris une grande place et permis des résultats très sensibles sur le terrain.
Ce qui démontre que l’Algérie est au centre de très fortes convoitises. Elle est la cible d’attaques récurrentes à travers le convoyage d’armements de guerre, dont la destination est pour l’instant non connue.
Ce qui est certain, c’est que toutes ces armes lourdes récupérées proviennent de Libye et du Mali, les deux pays où se concentre le plus grand nombre de terroristes dans la région». Jusque-là, la mobilisation des forces de sécurité sur le terrain a permis de mettre en échec les scénarios chaotiques prévus pour l’Algérie, mais peut-on espérer continuer à garantir la sécurité et la souveraineté du pays lorsque sur le plan politique et social certaines forces centrifuges poussent à la fracture du front interne ? La question reste posée…
Libye : la production pétrolière recule de 60 000 barils par jour
En Libye, la société d’Etat en charge de l’exploitation de l’or noir (NOC) a annoncé, par la voix de son directeur général, Mustafa Sanalla (photo), que la production nationale a chuté de 60 000 barils par jour alors qu’elle venait d’atteindre 700 000 barils par jour.
Ce recul de la production est dû à une panne électrique intervenue sur le champ Sarir. La panne aurait été causée par un incendie qui s’est déclenché dans une sous-station du champ de production. Cette situation devrait avoir un gros impact sur les prévisions de croissance de la production pétrolière, qui était attendue pour monter à 900 000 b/j à la fin du trimestre en cours.
Depuis quelques semaines, la production de brut en Libye connait une remontée fulgurante grâce à la réunification des deux entreprises d’exploitation du pétrole et la réouverture de plusieurs terminaux de production.
La Libye envisage d’ouvrir à nouveau son secteur pétrolier aux investissements étrangers
Six ans après s’être imposé un moratoire sur les investissements étrangers dans son secteur pétrolier, la Libye étudie la possibilité d’opérer une volte-face. Mustafa Sanalla (photo), le PDG de la société d’Etat du pétrole (NOC), a indiqué que la compagnie ne peut plus attendre la fin de la période de transition pour adopter les réformes nécessaires au retour des investissements étrangers, vu l’urgence de doper la production pour redresser l’économie.
Ces déclarations ont été faites lors d’une conférence sur l’avenir des secteurs pétroliers du Moyen-Orient d’Afrique du Nord, qui se tient actuellement à Londres. « Nous prévoyons dans les mois à venir de lever notre moratoire auto-imposé depuis 2011 sur les investissements étrangers dans de nouveaux projets. L’objectif est d’optimiser les revenus pour notre secteur pétrolier et surtout pour la Libye en tant qu’Etat(…) Nous ne savons pas quand la période de transition prendra fin, nous ne comptons pas rester à l’écart et ne rien faire pendant que la situation politique empire et que l’Etat se désintègre », a expliqué le responsable.
Par ailleurs, il a indiqué que les nouveaux projets pétroliers pourraient créer un cercle vertueux de stimulation économique et de sécurité intérieure, tout en élevant la production à 1,25 million b/j fin 2017 et 1,6 million b/j d’ici 2022. Il faut se souvenir que 1,6 million de barils représentent le niveau de la production avant les conflits qui avaient divisé le pays et ébranlé l’extraction du brut. La production actuelle du pays est d’environ 700 000 b/j.
Il convient de souligner que le pétrole est la principale source de revenus du pays. La Libye possède les plus grandes réserves de pétrole en Afrique et figure parmi les pays du monde avec les plus grandes réserves prouvées d’or noir, rappelle Lybia Observer.
Crise libyenne : La Russie entre en scène et affiche son soutien à Haftar

Déjà soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et le Tchad, Khalifa Haftar ne cache plus son intention de lancer son Armée nationale libyenne en direction de Tripoli afin de prendre le pouvoir par la force.
Un ancien-nouvel acteur vient de faire son apparition en Libye et plus globalement en Afrique du Nord. Tout le monde l’aura compris, il s’agit de la Russie. Absente du conflit libyen depuis 2011, date à laquelle elle avait décidé de lâcher Mouammar El Gueddafi, la Russie amorce progressivement son retour sur la scène libyenne en affichant clairement son soutien au général Khalifa Haftar, ancien haut gradé de l’armée de l’ex-Jamahiriya qui s’est autopromu maréchal il y a peu.
Déjà soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et le Tchad, Khalifa Haftar — qui revient d’ailleurs d’un voyage à Moscou sur lequel peu d’éléments ont filtré — ne cache plus son intention de lancer son Armée nationale libyenne en direction de Tripoli afin de prendre le pouvoir par la force. Tout comme le Parlement de Tobrouk qui le soutient, il refuse de reconnaître l’accord interlibyen du 17 décembre 2015. Assez discret jusque-là sur le dossier libyen, le ministère russe des Affaires étrangères fait actuellement pression pour que le maréchal Khalifa Haftar hérite d’un poste important au sein du gouvernement libyen d’union soutenu par l’ONU.
Dans sa décision de jouer la carte Khalifa Haftar, Moscou ne semble pas trop se soucier aussi du cadre tracé par l’accord interlibyen du 17 décembre 2015. Pis encore, les Russes pensent qu’il est inopérant et donc… bon à jeter. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Gennady Gatilov, a estimé dans une déclaration mardi à Bloomberg que «le général libyen Khalifa Haftar, qui combat Daech dans l’est de la Libye depuis plus de deux ans, doit faire partie de la nouvelle direction du pays».
Qualifiant Khalifa Haftar de «personnalité politique et militaire de premier plan», M. Gatilov a critiqué la politique menée par l’émissaire de l’Onu pour la Libye, Martin Kobler. Selon lui, il accorde son soutien à d’autres forces politiques en Libye (comprendre peut-être des forces politiques qui ne pèsent pas). «Nous sommes convaincus que les Libyens doivent trouver un compromis concernant son entrée dans la nouvelle direction libyenne», a-t-il ajouté.
Soulignant que Moscou entretient des relations avec toutes les forces politiques en Libye, y compris avec le chef du gouvernement d’union nationale Fayez El Sarraj, le diplomate russe a fait remarquer néanmoins que le gouvernement était incapable d’entamer ses travaux et de remplir ses fonctions de manière appropriée. «Le territoire qui est soumis à son contrôle est, selon lui, trop limité, et la reconnaissance internationale dont il bénéficie ne pourra pas y remédier.»
Le maréchal libyen Khalifa Haftar a, rappelle-t-on, effectué une visite, dimanche 16 décembre, en Algérie, pays qui endosse de plus en plus le statut de médiateur dans le conflit libyen. Cette première visite officielle du maréchal Haftar avait été suivie, ce dimanche, par celle de Fayez El Serraj, président du Conseil présidentiel du gouvernement d’entente nationale. Le chef des autorités libyennes – reconnues par la communauté internationale – et le gouvernement algérien avaient abordé «l’évolution de la situation et les efforts entrepris dans le cadre du règlement politique de la crise» en Libye, selon un communiqué des services de Abdelmalek Sellal.
Cette visite a «permis de réitérer la position constante de l’Algérie qui soutient la dynamique de paix initiée dans ce pays», ajoute le communiqué. De nombreux observateurs estiment qu’il est tout à fait dans les cordes de l’Algérie de parvenir à convaincre Tripoli, Zenten, Khalifa Haftar et Tobrouk de s’entendre sur un Smig politique. Maintenant il faut voir si l’intrusion de la Russie dans le dossier libyen va faciliter ou compliquer les choses surtout qu’il y a déjà une inflation d’acteurs.
Onze corps de migrants retrouvés près de Tripoli
Les corps de 11 migrants morts par noyade après le naufrage de l’embarcation dans laquelle ils tentaient de rejoindre l’Europe ont été retrouvés sur des plages près de Tripoli (ouest), a indiqué hier le Croissant-Rouge libyen.
«Les équipes de la branche de Tripoli du Croissant-Rouge libyen ont récupéré mardi 11 cadavres rejetés par la mer» sur plusieurs plages autour de la capitale, a indiqué Mohannad Al Fallah, un volontaire de cette organisation. Selon lui, les équipes ont été dépêchées après des signalements d’habitants concernant la présence de corps sur des plages.
La branche tripolitaine du Croissant-Rouge libyen a précisé sur sa page facebook que les corps avaient été découverts sur des plages de l’ouest de la capitale, à Hay Al Andalous, à Regata — un complexe résidentiel pour expatriés — et à Sayyad, cette dernière étant située dans une zone rocheuse difficile d’accès. Cinq ans après la chute de Mouammar El Gueddafi, la Libye est devenue un carrefour de l’immigration clandestine vers l’Europe.
La plupart des départs de Libye, des dizaines de milliers par an, ont lieu depuis l’ouest du pays à destination de l’Italie, dont les côtes ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres. Plus de 5000 migrants ont trouvé la mort depuis le début de l’année en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, selon l’ONU. R. I.
Zine Cherfaoui
المركز المغاربي للأبحاث حول ليبيا
تعريف:
تأسس المركز المغاربي للأبحاث حول ليبيا في جوان - يونيو 2015 في تونس، وهو أول مركز من نوعه يعمل بكل استقلالية من أجل تعميق المعرفة بليبيا في جميع المجالات والقطاعات، ويرفد بالمادة العلمية جهود المجتمع المدني في ليبيا لإقامة الحكم الرشيد، المبني على التعددية والتداول السلمي واحترام حقوق الإنسان . مؤسس المركز: الإعلامي والباحث التونسي رشيد خشانة يقوم المركز بنشر مقالات وأوراق بحثية بالعربية والأنكليزية والفرنسية، ويُقيم مؤتمرات وندوات علمية، وباكورة نشاطاته ندوة حول "إسهام المجتمع المدني في إعادة الاستقرار والانتقال الديمقراطي بليبيا" يومي 5 و6 أكتوبر 2015 بتونس العاصمة.
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