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La communauté internationale désarmée face à la crise libyenne

 

    

 

Depuis 2011, la Libye a sombré dans la misère. Le niveau de vie de la classe moyenne a baissé drastiquement, les systèmes d’enseignement et santé sont durablement atteints, le pays est profondément divisé, l’insécurité y est permanente, son destin n’est plus entre ses mains et sa souveraineté est désormais limitée. Les richesses du pays sont dilapidées, les milices armées y font régner leur pouvoir et la corruption atteint un niveau condamné par l’ONU. La menace terroriste de Daech est quotidienne et les opérations de l’Africom ne semblent pas atteindre leurs cibles et visent des civils.

La Mission des Nations unies en Libye (Unsmil) s’est transformée imperceptiblement en tutelle sur la Libye, sans bases juridiques claires. Les deux tentatives électorales de 2012 et 2014 ont accru les dissensions, aggravé les fractures et contribué à un désenchantement à l’égard de la démocratie. Chaque jour qui passe montre l’aggravation de la crise et le désarroi du plus grand nombre.

Plusieurs facteurs, en lien les uns avec les autres, peuvent expliquer l’impasse actuelle et l’état d’un pays en voie de décomposition : l’échec de la communauté internationale, les divisions internes propres à une société tiraillée entre de multiples forces centrifuges et l’impuissance de l’ONU.

Les contradictions de la communauté internationale
Les causes de l’échec sont multiples. C’est d’abord l’incapacité des pays occidentaux à se mettre d’accord sur les raisons de la crise et les moyens d’en sortir. Trop d’intérêts contradictoires se neutralisent, conduisant à la paralysie actuelle.

Les intérêts de la France et sa vision de la crise libyenne sont différents de ceux de l’Italie qui ne voit l’urgence libyenne qu’à travers la lutte contre l’immigration illégale et le soutien financier au gouvernement Sarraj et Misrata. Pour la Russie, l’important est de soutenir le pouvoir à Benghazi, celui du Maréchal Haftar, qui lui garantit une présence militaire dans la région. Quant aux États-Unis, relativement en retrait, l’essentiel c’est la lutte contre Daech, la stabilisation et la sécurisation de la Libye. Les différentes conférences internationales, comme celle de Paris de mai 2018 et de Palerme de novembre 2018, n’ont pas permis véritablement de sortir de l’impasse. Elles ont, au contraire, exacerbé la compétition entre puissances et aggravé la confusion

Les pays du Moyen-Orient, eux aussi, exercent des influences contradictoires en fonction de leurs intérêts. Pour l’Égypte, la première urgence est de reconstruire l’armée libyenne sous la direction du Maréchal Haftar. Ce qui importe pour le président al-Sissi, c’est de sécuriser ses frontières avec Libye et combattre l’islamisme radical et Daech.

La proximité du Maréchal Haftar avec le président Sissi est un fait avéré. Les rapports entre les deux hommes et leur rapprochement remontent à 2014. Il est basé sur une alliance tactique et stratégique dont les deux éléments essentiels sont la lutte contre l’islamisme et la construction d’un État fort en Libye, allié de l’Égypte.

Les efforts déployés par ce pays pour reconstruire une armée libyenne s’inscrivent dans cette perspective. La position du Qatar et le soutien apporté aux milices islamistes sont dictés par la volonté des Qataris d’exercer une influence économique et politique. Il en va de même de la Turquie dont les positions convergent avec celles du Qatar.

Les conflits inter-libyens, obstacles à la sortie de crise
L’impasse actuelle s’explique aussi par les conflits historiques entre l’Est et l’Ouest de la Libye. La transition a formellement débuté avec la déclaration de la « libération de la Libye » du 23 octobre 2011, trois jours après la mort de Kadhafi. Mais très rapidement, de graves problèmes politiques sont apparus, paralysant le fonctionnement de la première assemblée élue en juillet 2012, puis conduisant à la situation de double pouvoir que la Libye connaît depuis 2014.

On doit d’abord mentionner l’opposition idéologique entre islamistes et libéraux républicains, celle qui sépare les tenants d’un État islamique en Libye de ceux qui militent pour la reconstruction d’un État-nation libéral-républicain. Autre sujet de division : l’opposition entre les tenants d’un internationalisme islamiste et des nationalistes modérés et pragmatiques.

Le maréchal Haftar, lors de la conférence de Palerme, le 12 novembre 2018, sur la crise en Libye. Filippo Monteforte AFP

 

Il faut également souligner la réémergence du conflit historique entre l’Est et l’Ouest, autrement dit entre Benghazi et Tripoli. Les habitants de l’est de la Libye, considérant que plus de 80 % des ressources énergétiques sont situées sur leur territoire (le croissant pétrolier), affirment avoir droit à une large part des ressources énergétiques (estimées à 49 milliards de barils). De leur côté, les Tripolitains, arguant du fait que la majeure partie de la population se trouve sur cette partie du territoire, revendiquent la direction du pays, notamment en ce qui concerne la répartition des richesses.

Ce conflit fondamental bloque la transition. À cela, il faut ajouter le conflit sur la structure de l’État opposant les Tripolitains (y compris les Misratis), qui défendent un État unitaire et centralisé, aux Cyrénaïcains qui œuvrent pour une fédération, perçue comme le garant de leurs intérêts. À cela, enfin, il faut ajouter les revendications identitaires berbères (http://tamazgha.fr/Amazighs-de-Libye-une-voix-sans.html) qui compliquent la donne.

L’ONU impuissante
Depuis 2011, l’action des Nations unies en Libye est marquée par une grande incohérence, beaucoup d’ambivalence et d’erreurs. En sept ans, six représentants se sont succédé sans aucune ligne de conduite claire, cohérente et continue.

L’actuel représentant Ghassan Salamé ne fait pas exception. Le Plan Salamé de septembre 2017 (https://unsmil.unmissions.org/secretary-general-remarks-launch-un-strategy-libya-high-level-event-libya), soutenu par le Conseil de sécurité des Nations unies, est confus, à la fois sur les priorités et les objectifs à atteindre – une confusion entretenue par les déclarations imprécises ou contradictoires du chef de la mission de l’ONU en Libye (Unsmil). Les modifications apportées à ce plan en novembre 2018 ne changent rien à l’affaire.

Ainsi le référendum constitutionnel et les élections prévues initialement en décembre 2018, n’auront finalement pas lieu, les conditions requises n’étant pas remplies. En lieu et place, Salamé et l’ONU proposent d’organiser, en janvier 2019, un Congrès national, suivi en mars par des élections. Ce congrès, conçu par l’ONG Centre pour le dialogue humanitaire (CDH) (auquel Salamé avait été associé avant de diriger l’Unsmil) risque de susciter des faux espoirs et créer de nouveaux problèmes, avec le risque d’aggraver le conflit entre l’ouest et l’est de la Libye, entre Tripoli et Benghazi, voire avec le Sud.

L’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, le 13 novembre 2018 à Palerme. Filippo Monteforte/AFP

À l’instar des autres initiatives onusiennes, qui ont à chaque fois aggravé l’état des choses, il est à craindre que le Congrès en question ne soit qu’une fausse bonne idée, comme le fut l’Accord de Skhirat en 2015 (pour une analyse exhaustive, voir, M. Djaziri, _State-Building in Libya, Reset Doc, Rome, 2017, pp. 102-125). Qui participera à ce Congrès et à quel titre ; comment seront cooptés ceux qui y siégeront ; quel en sera l’ordre du jour, quels seront les principes qui l’encadreront et quel sera le mandat de ceux qui participeront à ce Congrès ?

Sera-t-il « inclusif », y compris en acceptant la présence des Kadhafistes, et ne fera-t-il pas double emploi avec le seul parlement actuellement légitime, la Chambre des Représentants installée à Tobrouk depuis les élections de 2014 ? Autant de questions sans réponse, indiquant que s’il devait être organisé ce Congrès créerait de nouveaux problèmes et aggraverait les dissensions.

N’est-il pas plus rationnel d’aplanir au préalable les différends entre les parties libyennes avant de les réunir pour une réconciliation ? N’est-il pas plus logique de mener à bien le processus constitutionnel avant toute perspective électorale ? L’organisation de ce Congrès, considéré par Ghassan Salamé et un diplomate français (lui-même proche du CDH) comme la solution aux problèmes, n’est-elle pas, pour l’ONU, une manière de se débarrasser d’un problème et un moyen de valoriser les activités de l’ONG en question ?

Un aggiornamento indispensable
Le peuple libyen traverse une crise économique, politique et morale à laquelle il ne voit guère d’issue. Les divisions de la communauté internationale et l’impuissance de l’ONU nécessitent un aggiornamento (lire Politique internationale, n°159, 2018). Les désaccords entre les grandes puissances et les pays influents, on l’a vu, sont paralysants. L’emprise croissante de l’Unsmil et de Salamé sur le processus de décision en Libye, sans base juridique claire, est très mal perçue et donne le sentiment d’une mise sous tutelle de la Libye, sans produire de résultat.

Dans ces conditions, une nouvelle période de transition s’impose avec un exécutif provisoire soutenu par une assemblée consultative constituée des tribus et des représentants des partis politiques et de la société civile. Il est impératif de reconstruire l’État, de désarmer les milices, de finaliser le processus constitutionnel, de définir le régime politique et subséquemment la loi électorale, de relancer l’activité économique et de renoncer aux réformes libérales injustes, impopulaires et inadéquates. Il est impératif de repréciser et redéfinir la mission de l’ONU en Libye.

Toute autre solution qui consisterait à faire voter les Libyens à la va-vite ou qui consisterait à organiser un Congrès dont on attendrait une solution miracle serait contre-productive, aggraverait la crise et hypothéquerait pour longtemps toute réelle transition démocratique. L’ONU et la communauté internationale ayant joué un rôle déterminant dans la fin du régime de Kadhafi, elles ont le devoir de prendre la vraie mesure de la profondeur de la crise et d’y apporter des réponses appropriées.

Trop de temps a été perdu dans des tergiversations et des pseudo-solutions qui n’ont fait qu’approfondir les divisions et les déchirures. Il faut de toute urgence repartir sur de nouvelles bases.

Libye : Les forces de Tripoli accusent les EAU de participer à la guerre à côté de Haftar, lors qu’elles engagent des pilotes mercenaires étrangers

 

Les forces de Haftar, accusées par le pouvoir en place à Tripoli de bénéficier d’une aide logistique et même armée des Emirats Arabes Unis, ont abattu ce mardi, un avion du gouvernement de Tripoli. Au moment d’appréhender le pilote, il s’est avéré que ce dernier était portugais et que c’était un mercenaire parmi plusieurs autres en provenance de plusieurs pays, qui combattent pour le gouvernement de Tripoli moyennant rémunérations.

La crise libyenne : Une guerre civile à nos portes

Rarement la situation aura été aussi catastrophique que celle qui prévaut actuellement en Libye. Les perspectives d’évolution s’annoncent très dangereuses, au risque même de provoquer une guerre civile. A nos portes. Des points essentiels sont à considérer.

 

Plus que des affrontements, c’est une longue et atroce guerre qui ne fait que commencer. Elle risque de durer longtemps et de constituer une menace réelle pour les pays voisins, la Tunisie en toute proximité. Une guerre qui risque de se transformer en guerre civile. Les deux principaux camps en confrontation directe risquent d’aller jusqu’au bout, lourdement fournis en armes par leurs soutiens respectifs, ne reculant devant rien, jouant le tout pour le tout. Les facteurs religieux (islamistes, salafistes, extrémistes) et tribaux se conjugueront dangereusement pour tout embraser.

Une guerre qui reflète, au niveau du pays et de la région, la dislocation du système international, sonnant la fin des axes traditionnels. Voir les Etats-Unis s’unir avec la Russie pour refuser au sein du Conseil de sécurité leur soutien à un projet de résolution présenté par le Royaume-Uni, en vue d’instaurer un cessez-le-feu, en offre une édifiante illustration. Une guerre atypique. Les pays voisins, dont notamment la Tunisie, sont ceux qui tiennent le plus à une solution politique interlibyenne, sous la bannière des Nations unies. Les puissances mondiales qui interfèrent sont mues par des intérêts bassement égoïstes d’accès aux richesses pétrolières. Alors que d’autres pays lointains du voisinage entendent jouer de leur influence. Une guerre par procuration. Les véritables belligérants ne sont pas en Libye. Ils se situent loin du champ de bataille, faisant livrer armes, munitions et argent.

Libye: Khalifa Haftar, en passe de devenir le nouveau Kadhafi

1960, Khalifa Haftar aux côtés de Kadhafi.

 

Huit ans après la mort du colonel Kadhafi, une tempête venue du désert chasse vers Tripoli les cendres encore chaudes d’un combat qui semble ne s’être jamais arrêté Khalifa Haftar, un ancien chef de guerre du défunt guide libyen, qui contrôle la plus grande partie du pays, marche sur la capitale « pour la reprendre aux milices », mais aussi aux autorités en place reconnues par la communauté internationale. Encore une fois,
la Libye danse au son des chars et des fusils d’assaut. Pour beaucoup, cette musique macabre ne fait que précéder l’intronisation d’un nouveau guide libyen.
278. C’est, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de morts causées par la crise qui secoue, depuis 3 semaines, la Libye. Depuis le 4 avril, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’autoproclamée armée nationale libyenne (ANL), et ses forces, marchent sur Tripoli. Au sein de la capitale, Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d’union nationale, avait prévenu que la démarche du maréchal conduirait à une escalade de la violence. Une menace ignorée par Khalifa Haftar, qui a affirmé répondre « à l’appel de Tripoli ».

Khalifa Haftar a affirmé répondre « à l’appel de Tripoli »
Pourtant, 3 semaines après le début de son offensive, la ville lui résiste toujours. Lorsqu’on apprend que Khalifa Haftar a reçu le soutien des États-Unis et de de la Russie, on se demande pour combien de temps.
Avec sa nouvelle stature internationale et les allégeances acquises au plan interne, le maréchal
semble sur le point de devenir le nouveau guide libyen.
Un familier des sentiers de la guerre « Pour les héros de la nation, l’heure a sonné ». A l’heure d’annoncer son intention de marcher sur Tripoli, Khalifa Haftar ne donne aucunement l’impression d’être perturbé. On
l’imagine calme au moment de lancer la quête de son armée. Avant de lancer son ost, le maréchal prononcera un discours loin d’être habituel pour un chef de guerre.
« Soyez des défenseurs des droits et non des envahisseurs. » « Nous avons rendez-vous pour la conquête de Tripoli. Avancez alors, avec des pas confiants en Dieu, entrez dans la ville en paix, pour ceux qui veulent la paix. Soyez des défenseurs des droits et non des envahisseurs. Ne levez pas vos armes, sauf contre celui qui choisit de vous affronter. Ne tirez que contre les hommes armés. Ceux qui jettent les armes, ceux qui restent chez eux, ceux qui lèvent le drapeau blanc, seront en sécurité. Assurer la sécurité des
habitants et protéger leurs biens, ainsi que toutes les institutions de la capitale, relèvent de votre devoir ». « Ne levez pas vos armes, sauf contre celui qui choisit de vous affronter. Ne tirez que contre les hommes armés. Ceux qui jettent les armes, ceux qui restent chez eux, ceux qui lèvent le drapeau blanc, seront en sécurité».
Khalifa Haftar veut clairement remporter la bataille de la communication face à ses adversaires du gouvernement d’union nationale. Cet habitué de la guerre, qui a acquis une énorme notoriété locale en défaisant des milices dans l’Est et au Sud de la Libye, le sait. Cette fois, il ne s’agit plus seulement de gagner une passe d’armes, mais aussi de démontrer une certaine légitimité. Présent dans le pays depuis plusieurs années, Khalifa Haftar a vu plusieurs hommes échouer à cette étape, cruciale pour s’assurer une légitimité. Il a notamment œuvré à la chute de Mouammar Kadhafi, son ancien allier tombé en disgrâce auprès du peuple. La Libye, peu de personnes la connaissent aussi bien que Khalifa Hafta, qui a joué un rôle actif lors de nombreux épisodes mouvementés de son histoire. Témoin actif des épisodes de l’histoire belliqueuse de la Libye Khakifa Haftar, né le 7 novembre 1943, grandit au sein de la tribu des Ferjany, dont le fief est la ville de Syrte, où est également né un certain Mouammar Kadhafi. Les deux hommes se rencontreront pour la première fois en 1963, lorsque Khalifa Haftar, âgé de 20 ans, entre à l’académie militaire royale de Benghazi. Acquis à sa cause, il participe avec lui et d’autres
camarades au coup d’État du 1er septembre 1969 qui mettra fin au régime du roi Idris Ier.

Pourtant, Khalifa Haftar ne restera pas longtemps aux côtés de l’emblématique guide libyen. De son propre aveu, il commence à prendre ses distances, peu de temps après le coup d’État, lorsqu’il remarque l’autoritarisme naissant de Mouammar Kadhafi. En 1973, ce dernier l’envoie négocier avec le président égyptien Anouar el-Sadate, la participation libyenne à la guerre du Kippour, contre Israël. Lors de ce conflit, Khalifa Haftar commande une unité de chars qui franchit la ligne Bar-Lev, chaîne de fortifications construite par l’État hébreu le long du canal de Suez. Il sera décoré pour sa participation aux combats. Tour à tour, en 1978, puis en 1983, il est envoyé en Russie pour être formé dans de prestigieuses écoles de l’état-major soviétique. Plus tard, il participe aux opérations visant à maintenir la présence de la Libye sur la bande d’Aouzou, à la frontière avec le Tchad. Battu et capturé, Khalifa Haftar est désavoué par Mouammar Khadafi. Il décide alors de se retourner contre le guide libyen. Lorsque lui et les autres prisonniers sont libérés, dans les années 80, il crée la «Force Haftar», basée au Tchad.
Soutenu par Hissène Habré, le groupe finit par quitter le Tchad lorsque le pouvoir passe aux mains Idriss Déby qui subit d’importantes pressions du guide libyen pour livrer Khalifa Haftar et ses hommes.
Alors que ses hommes sont exfiltrés vers le Nigeria et le Zaïre (actuelle RDC), l’ancien chef de guerre rallie les États-Unis et profite d’un programme destiné aux réfugiés, mais également offert aux anciens soldats, pour être formé dans divers domaines.
Alors que ses hommes sont exfiltrés vers le Nigeria et le Zaïre, l’ancien chef de guerre rallie les États-Unis et profite d’un programme destiné aux réfugiés, mais également offert aux anciens soldats, pour être formé dans divers domaines.
En 1995, il publie un document intitulé « Le changement en Libye, une vision politique du
changement par la force ». Il redevient alors très actif dans sa lutte contre Mouammar Kadhafi. En 2011, il retourne en Libye pour soutenir l’insurrection du « printemps arabe ». Il fait partie des meneurs de l’armée rebelle et participe à de nombreuses batailles. Il est plutôt bien accueilli par les populations, mais c’est en 2014 qu’il commence par acquérir le statut qu’on lui connait aujourd’hui.

Les forces en présence
En juin 2014, les Libyens sont invités aux urnes pour choisir une nouvelle Assemblée nationale, la chambre des représentants, censée remplacer l’ancien Congrès général national (CGN). Les résultats de ces élections, marqués par les faibles résultats des partis islamistes,
déclenchent des heurts dans le pays. Les partis islamistes refusent de reconnaître les résultats
et réinstallent le CGN au sein duquel ils sont  . La chambre des représentants fuit alors vers l’est du pays, à Tobrouk, où elle s’installe, loin de Tripoli et la zone d’influence du CGN.Coupée en deux, la Libye est alors soumise à un pouvoir bipolaire dont les deux camps
s’autoproclament gouvernements et se livrent une guerre sans merci. Les Nations Unies décident alors, pour lutter contre l’organisation Etat islamique qui profite du chaos pour s’installer, de partager le pouvoir entre les deux camps. L’ONU accompagne la signature des accords de Skhirat prévoyant que le CGN et la chambre des représentants acceptent l’autorité d’un gouvernement d’union nationale où les deux entités sont représentées. Le CGN devient le haut conseil d’État et la chambre des représentants devient le parlement d u pays. Fayez al-Sarraj, premier ministre et chef du gouvernement d’union nationale, est accepté par le CGN qui lui permet de s’installer à Tripoli et lui offre son soutien.

De victoires en victoires
Mais du côté de Tobrouk et de la chambre des représentants, on revient sur les accords de Skhirat. L’assemblée sous l’influence de Khalifa Haftar, refuse d’accepter le premier ministre. Il faut dire que l’ancien combattant de Mouammar Kadhafi a pris une autre dimension dans l’Est du pays. A la tête de sa propre armée, l’ANL, il a gagné le respect des populations en
battant les milices qui semaient l’effroi à Benghazi en 2013.
Il a gagné le respect des populations. Quelques mois plus tard, il prend le contrôle du croissant pétrolier, cœur de la production pétrolière et par ricochet de l’économie du pays. Il unifie une partie de l’armée et des tribus contre les islamistes d’Al-Qaida.
Quelques mois plus tard, il prend le contrôle du croissant pétrolier, cœur de la production pétrolière et par ricochet de l’économie du pays. Il unifie une partie de l’armée et des tribus contre les islamistes d’Al-Qaida.
En septembre 2016, Khalifa Haftar est promu maréchal par le parlement de Tobrouk. L’année suivante, il annonce son intention de collaborer avec la Russie et les États-Unis pour lutter contre le terrorisme. Malgré une tentative d’accord avec le pouvoir de Tripoli, les deux camps se regardent toujours en chien de faïence. Seulement, à cette époque, à force de combattre les
différentes milices de l’Est de la Libye, Khalifa Haftar contrôle une grande partie du pays. Il commence alors à devenir un personnage central de la scène politique.
Il a unifié une partie de l’armée et des tribus contre les islamistes d’Al-Qaida.
D’abord ignoré ou évité par les chancelleries, Khalifa Haftar gagne de plus en plus de soutiens à l’international. En plus de la Russie qui le soutient, le président américain « discute avec lui d’une vision
commune de la Libye ». Puis il gagne le soutien des Émirats Arabes Unis et de l’Égypte, dont le président a plaidé sa cause auprès de pays membres de l’Union africaine. C’est fort de ces soutiens que celui que certains annoncent comme le « nouveau Kadhafi » a attaqué Tripoli et les forces du gouvernement d’union nationale.
Jusque-là, la capitale résiste et a même réussi à repousser les hommes de Khalifa Haftar qui avaient réussi à bloquer l’aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel dans la ville.

Pour le moment, Tripoli résiste à Khalifa Haftar, mais jusqu’à quand ?
Servan Ahougnon

Libye-Conférence nationale en avril à Ghadamès … Le bout du tunnel, enfin?

 

Entre 120 et 150 participants seront appelés à dresser une «feuille de route» balisant le terrain pour des élections législatives et présidentielle, selon le chef de la Manul, Ghassan Salamé
La Mission des Nations unies en Libye (Manul) organisera du 14 au 16 avril une «conférence nationale» appelée à dresser une «feuille de route» à même de sortir le pays d’une profonde crise, a annoncé la mission hier.
La conférence, qui se tiendra dans la cité historique de Ghadamès (centre de la Libye), doit ouvrir la voie et fixer une date pour des élections législatives et présidentielle dans ce pays déchiré depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, par les divisions et les luttes d’influence entre milices et tribus.
«Nous allons inviter toutes les catégories politiques libyennes sans exception», a déclaré au cours d’une conférence de presse dans la capitale libyenne Tripoli le chef de la Manul, Ghassan Salamé.
Il a précisé que cette conférence à laquelle prendront part «entre 120 et 150 personnes», est le résultat d’une longue série de consultations et de réunions préparatoires ayant eu lieu dans 57 villes du pays. Les participants sont appelés aussi à trancher sur un projet de Constitution et à donner un «délai» pour la préparation des textes législatifs par le Parlement siégeant dans l’est libyen et le Conseil d’Etat qui fait office de chambre haute à Tripoli.
M. Salamé accuse régulièrement ces deux assemblées de prolonger la période de transition et de vouloir garder leurs prérogatives, en retardant notamment l’adoption d’une loi électorale.
«Si ce retard continue, nous allons demander à la conférence nationale de proposer d’autres alternatives», a-t-il dit. «Les urnes mettront fin à ces corps coexistants», a-t-il ajouté se disant «confiant dans la réussite de la conférence».
Interrogé si des groupes armés allaient être invités à la réunion, M. Salamé a répondu : «Toutes les parties seront représentées». En Libye, deux autorités se disputent le pouvoir: le Gouvernement d’union nationale (GNA), établi fin 2015 en vertu d’un accord parrainé par l’ONU et basé à Tripoli, et une autorité rivale, installée dans l’est, contrôlé par l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar.
Fin février, l’ONU avait annoncé un nouvel accord conclu à Abu Dhabi entre ces deux pouvoirs rivaux en vue de l’organisation d’élections en Libye mais sans fixer de calendrier.
Plusieurs ententes annoncées pour sortir la Libye de la crise n’ont pas été suivis dans les faits. Un accord interlibyen sur une Constitution et la tenue d’élections est nécessaire pour parvenir à la stabilité au niveau des institutions et un retour de la sécurité mais aussi pour remettre sur pied l’économie chancelante du pays.

 

 

 

Libye : accord surprise à Abou Dhabi

L’« accord », négocié sous les auspices des Émirats Arabes Unis, reflète le poids grandissant de ce pays en Libye mais certains observateurs doutent de sa viabilité. / MAHMUD TURKIA/AFP)

 

Le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar, se sont entendus sur l’organisation d’élections générales, sans fixer de calendrier.

La surprise est venue d’Abou Dhabi. À l’issue d’une réunion dans la capitale des Émirats, sous l’égide du représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj et l’homme fort de l’est du pays, le maréchal Khalifa Haftar, ont donné leur feu vert à l’organisation d’élections en Libye, sans toutefois fixer de calendrier pour cette échéance.

Un nouveau rapprochement entre Sarraj et Haftar
« Les deux parties se sont entendues sur la nécessité de mettre fin à la période de transition à travers des élections générales, mais aussi sur les moyens de préserver la stabilité de la Libye et d’unifier ses institutions » affirme, jeudi 28 février, un communiqué de la Mission d’appui des Nations unies en Libye, sans plus de précision.

La dernière rencontre entre Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar remonte à fin mai 2018 à Paris où il avait déjà été question d’organiser des élections mais sans qu’aucune partie ne s’y engage formellement. En novembre, l’Italie avait tenté, sans succès, un nouveau rapprochement entre Sarraj et Haftar, lors d’une réunion à Palerme en présence des pays impliqués dans le dossier.

L’annonce de cet accord intervient alors que l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a lancé, à la mi-janvier, une opération dans le sud-ouest du pays, une vaste région désertique aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan. L’ANL a obtenu le ralliement de tribus locales et s’est emparé sans combats de la ville de Sebha, chef-lieu de cette région, ainsi que du champ pétrolier d’al-Charara. À environ 900 km au sud de Tripoli, le champ était jusque-là tenu par des groupes armés touaregs qui bloquaient les opérations de production depuis le 10 décembre. L’ANL bénéficie d’un soutien important, en matériel et en argent, des Émirats Arabes Unis, sans compter les dinars libyens imprimés par Moscou pour la Banque centrale de Benghazi.

Les Émirats Arabes Unis, principal soutien de Khalifa Haftar

L’« accord », négocié sous les auspices des Émirats Arabes Unis, reflète le poids grandissant de ce pays en Libye mais certains observateurs doutent de sa viabilité. « Cet accord pourrait se retourner contre Fayez al-Sarraj, conduire à l’effondrement du Gouvernement d’union nationale et à un conflit à Tripoli », affirme Wolfram Lacher, spécialiste de la Libye à l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP).

Le 18 janvier, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, avait déclaré espérer pouvoir convoquer « dans les semaines à venir » une Conférence nationale en Libye, pour mettre un terme à la transition et tracer le chemin vers des élections législatives. La médiation des Émirats Arabes Unis semble donner la préférence à une solution par le haut, reflet du rapport de force sur le terrain.

 

Libye : le maréchal Haftar au centre du jeu

Le maréchal Khalifa Haftar, le 12 novembre 2018 lors d’une conférence sur la Libye à Palerme (Italie). / FILIPPO MONTEFORTE/AFP

 

Où en est l’offensive lancée en janvier par le maréchal Khalifa Haftar ?
L’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar a lancé, à la mi-janvier, une opération dans le Fezzan, vaste région désertique aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan. L’ANL a obtenu le ralliement de tribus locales et s’est emparée sans combats de la ville de Sebha, chef-lieu de cette région, ainsi que des champs pétroliers d’Al-Charara et d’Al-Fil, remis ensuite à la Compagnie nationale des pétroles (NOC). Les opérations de production, bloquées depuis le 10 décembre par des groupes armés touaregs, ont repris début mars à Al-Charara.

En dépit de ces succès, l’ANL – un assemblage disparate d’ex-soldats de Kadhafi, de combattants tribaux, de salafistes et de mercenaires soudanais et tchadiens – n’a pas les moyens militaires et financiers de contrôler un aussi vaste territoire et elle a dû composer avec les rivalités ethniques et tribales.

Les forces de Khalifa Haftar se sont ainsi retirées de Sebha, laissée aux mains d’alliés locaux. Certaines unités ont regagné Benghazi, d’autres se sont redéployées dans le district de Joufra au centre du pays. L’opération de l’ANL a surtout eu un impact psychologique dans le Fezzan et la Tripolitaine sur une population lassée de l’insécurité et de l’absence de services et aspirant à l’ordre.

Quelles sont les retombées politiques de cette campagne ?
Le maréchal Haftar, soutenu par les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, l’Arabie saoudite, la France et la Russie, entend capitaliser sur ce succès tactique pour négocier en position de force un nouvel arrangement politique.

Selon la mission de l’ONU en Libye, l’homme fort de l’est du pays et le chef du gouvernement d’union nationale Fayez al-Sarraj se sont entendus, le 27 février à Abou Dhabi, « sur la nécessité de mettre fin à la période de transition à travers des élections générales».

Les tractations en cours portent sur une restructuration du Conseil présidentiel, l’institution exécutive créée sous l’égide de l’ONU en décembre 2015, pour exercer collégialement les fonctions de chef de l’État et assurer le commandement de l’armée nationale. La négociation concerne également la gouvernance de la banque centrale de Tripoli et l’accès aux ressources publiques tirées de la rente pétrolière. Le gouvernement de l’est a contracté une dette de 32 milliards de dinars et fait imprimer en Russie l’équivalent de 10 milliards de dinars.

Quels sont les obstacles à un accord ?
Misrata, la troisième ville du pays, avec ses différentes factions, reste le principal obstacle à la formation d’un gouvernement de transition incluant des représentants du maréchal Haftar, prélude à l’organisation d’une conférence nationale et à la tenue d’élections.

Des groupes armés hostiles au maréchal peuvent également jouer les trouble-fêtes à Zawiya, Gharyan et Syrte, sans compter des risques d’affrontements à Tripoli.

« Sous couvert de diplomatie, le camp Haftar veut recueillir les fruits de sa victoire, une logique maximaliste qui pourrait conduire les parties qui se sentiraient lésées par un accord à riposter, souligne Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye et chercheur à l’Institut Clingendael. Les États-Unis sont les seuls à pouvoir jouer un rôle de modérateur pour éviter une humiliation de la faction modérée de Misrata qui remettrait en selle les extrémistes. »

Libye: Nombreuses coupures de courant suite à des affrontements dans le sud

 

La Compagnie générale d’électricité, contrôlée par l’Etat libyen, a annoncé vendredi que des affrontements entre les forces armées et les éléments de l’opposition tchadienne ont provoqué des coupures de courant dans la région.
Les affrontements ont endommagé des circuits électriques dans la région, provoquant des coupures dans plus d’une dizaine de villes, a expliqué la
compagnie dans un communiqué.
« Les équipes de maintenance sont prêtes à réparer les dégâts dès que les conditions de sécurité s’amélioreront, » poursuit le communiqué. Un
officier de l’armée , cité par l’agence Chine nouvelle, a indiqué que des unités ont répondu à une attaque de militants de l’opposition tchadienne,
dans le sud de la Libye, vendredi matin, tuant et blessant plusieurs soldats de l’armée.
L’armée établie à l’est du pays, conduite par M. Khalifa Haftar, a lancé une opération militaire contre le terrorisme et la criminalité dans le sud,
mi-janvier. la même source indique que la campagne va continuer « tant que le terrorisme, la criminalité et l’opposition tchadienne n’auront pas été
éradiqués de la totalité du sud libyen. »
L’armée est alliée au gouvernement établi à l’est du pays, alors que le pays est politiquement divisé entre deux gouvernements, à l’est et à
l’ouest, qui se disputent la légitimité.
INTER/MAP/BDN

Libye: la commission électorale a encore besoin de 70% du financement nécessaire pour organiser les élections locales en mars (Salem Bentahia)

 

En Libye, le comité électoral a encore besoin de 70% des financements nécessaires pour tenir les prochaines élections municipales prévues pour le mois de mars. C’est ce qu’a indiqué cette semaine Salem Bentahia, chef du Comité central des élections municipales, dans une interview accordée à Reuters.

D’après le responsable, seuls 10,8 millions $ environ ont été mobilisés par le comité, sur 36 millions $, ce qui correspond à environ 30% du budget nécessaire. Cette situation due à un manque de financement de la part du gouvernement d’union nationale soutenu par l’ONU, pourrait empêcher 69 des 120 conseils municipaux de tenir des élections locales cruciales pour la Libye, a souligné Salem Bentahia.

Déchirée depuis 2011 par la violence, la Libye traverse une crise économique sans précédent, et une instabilité politique marquée par la coexistence de plusieurs gouvernements rivaux. Grâce à de nouvelles élections générales, les autorités espèrent renouer avec la stabilité afin de créer un environnement économique à nouveau attractif pour les investisseurs.

Rappelons qu’en 2018, un consensus avait été trouvé pour organiser des élections générales le 10 décembre dernier, avant qu’elles ne soient repoussées à une date ultérieure.

L’UMA relance le projet d’une ligne ferroviaire transmaghrébine reliant le Maroc, l’Algérie et la Tunisie

 

L’Union du Maghreb Arabe (UMA) a annoncé, dans un communiqué publié le 4 février, avoir obtenu un don de la Banque africaine de développement (BAD), pour financer les activités préparatoires du projet d’une ligne de chemin de fer transmaghrébine reliant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie.

Fin janvier, l’UMA a lancé «un appel à candidature international pour le recrutement d’un consultant individuel (ou représentant d’une société) pour le marketing et la publicité de l’étude de la réhabilitation et de la modernisation de la ligne de chemin de fer transmaghrébine».

Les dossiers de candidatures doivent être déposés au bureau d’ordre de l’UMA (sis au 73, rue Tansift, Agdal, Rabat), au plus tard le 15 février, précise-t-on.

Le projet vise, dans une première étape, à réhabiliter et à moderniser une ligne ferroviaire de 363 kilomètres entre le Maroc et l’Algérie et une autre ligne de 503 kilomètres entre l’Algérie et la Tunisie.

Une partie du don de la BAD, dont le montant n’a pas été dévoilé par l’UMA, sera consacrée à l’organisation de la table ronde des bailleurs de fonds, prévue le 28 mars 2019.

La ligne ferroviaire transmaghrébine devrait s’étendre sur environ 2 350 km. Le coût de ce projet, initié au début des années 90 et qui vise à promouvoir les échanges commerciaux entre les trois pays du Maghreb central et à assurer une libre circulation des personnes et des marchandises, est estimé à 3,8 milliards de dollars