En Libye, la société publique des hydrocarbures (NOC) a déclaré, vendredi, qu’elle suspendrait, jusqu’à nouvel ordre, la fourniture de gaz naturel à la Libyan Norwegian Fertiliser Company (LifeCo).
L’entreprise publique indique que cette suspension est due à des dettes impayées vis-à-vis d’elle et de ses filiales qui s’élèvent à environ 270 millions de dollars.
Sur son site internet, la NOC a fait savoir qu’elle a essayé de résoudre le problème par le biais de diverses consultations visant à assurer la continuité des opérations dans les usines de fabrications de fertilisants, sans succès.
Cependant, elle assure aux employés de LifeCo que des efforts seront fournis entre les deux parties pour la conservation des emplois.
« La conservation des emplois est notre priorité absolue. Nous conserverons néanmoins notre droit de tenir les débiteurs financiers responsables de leurs actes », ajoute un communiqué de la NOC.
Libye : les forces de Haftar contrôlent une bonne partie de Sabha
Les forces sous le commandement du chef libyen Khalifa Haftar, qui tient la Cyrénaïque, se sont assuré le contrôle d’une bonne partie de la ville de Sabha dans le centre-sud de la Libye, ont rapporté lundi des militaires et des habitants.
L’Armée nationale libyenne, la faction de Haftar, a lancé ce mois-ci une opération dans le Sud libyen, après avoir pris le contrôle de l’est du pays au cours des trois dernières années. Cette opération vise à s’assurer la maîtrise du champ pétrolifère d’El Sharara, le plus grand de Libye, d’une capacité de 315.000 barils par jour, et de celui d’El Feel, de moindre importance. Les installations d’El Sharara ont été mises à l’arrêt en décembre du fait d’un conflit social.
Lundi, les forces de Haftar ont tué un térroriste d’Al Qaïda, Adel Ahmed al Abdali, lors d’une opération contre sa résidence à Sabha, a déclaré un porte-parole de l’Armée nationale libyenne, Ahmed Mismari.
Les conditions de sécurité à Sabha et dans le sud du pays sont mauvaises depuis des années en raison de fréquents heurts entre les tribus et des factions ou des térroristes. L’aéroport de Sabha est fermé au trafic civil depuis janvier 2014.
Les forces de Haftar ont sécurisé l’aéroport et d’autres points stratégiques de la ville, de même que des postes de contrôle, remplaçant des milices locales qui les leur ont remis sans coup férir.
La rivalité franco-italienne complique la situation en Libye
Des manifestants brûlent un drapeau italien dans une rue de Benghazi, où c’est la France qui est bien vue.«Il n’y aura pas de paix et de stabilité en Libye tant que la communauté internationale ne se mettra pas d’accord.» Le constat d’Abdelhafiz Ghoga, qui fut vice-président du Conseil national de Transition pendant la révolution de 2011, est clair. Le militant des droits de l’homme ajoute: «Il y a une véritable guerre d’influence entre la France et l’Italie.»
À Benghazi, capitale de la Cyrénaïque (région de l’est libyen) et ville d’Abdelhafiz Ghoga, la France est bien vue. Rien de plus facile puisque l’ancien colon italien part avec un handicap: c’est en Cyrénaïque qu’Omar Al-Mokhtar et sa résistance, constituée par les tribus, se sont soulevés au début du XXe siècle. Quelque 70 ans après l’indépendance, le héros est toujours présent. Il apparaît sur d’immenses affiches aux côtés des martyrs de la révolution de 2011. À l’inverse, la France, elle, profite encore de l’engouement qu’elle a suscité en 2011, en décidant d’intervenir pour bloquer l’entrée des chars de Mouammar Kadhafi dans Benghazi. «Nous avons tous cru que nous allions mourir», se souvient Issam Faraj Al Barghati, attablé à un café du «berceau de la révolution».
La ministre de la Défense italienne, Elisabetta Trenta, n’a pas non plus oublié, puisqu’elle écrivait en septembre dernier: «Il est maintenant clairement indéniable que [la Libye] se retrouve dans cette situation parce que quelqu’un, en 2011, a mis ses propres intérêts devant ceux des Libyens et de l’Europe. […] La France, de mon point de vue, est en partie responsable.»
Plus de 7 ans après la révolution, la Libye est en effet en plein chaos. La place de la Liberté, où l’ancien président français avait fait un discours peu avant la libération entière du pays, est aujourd’hui totalement détruite. De 2014 à 2017, Benghazi a été la scène de violents combats entre les forces du maréchal Khalifa Haftar et différents groupes islamistes et terroristes.
Combattre les terroristes
Dans la victoire qu’a rencontrée l’homme fort de l’est, la France n’est pas totalement étrangère. Le membre permanent du Conseil de sécurité à l’ONU, qui martèle que le gouvernement d’union nationale (GUN) basé à Tripoli est le partenaire politique de référence, a dépêché ses forces spéciales auprès du maréchal Khalifa Haftar qui ne reconnaît pourtant pas cette autorité. Une aide intéressée, selon Ahmed Mismari, porte-parole de l’Armée nationale arabe libyenne (LNA) de Khalifa Haftar: «Nous avions un intérêt commun: combattre les terroristes. La France voulait traquer les groupes dans les pays limitrophes au sud, comme le Tchad, le Mali, le Niger, où elle est très présente.»
Un ancien conseiller du Ministère de la défense français reconnaît: «Barkhane (ndlr: déploiement militaire au Sahel visant à lutter contre les groupes terroristes) nous coûte extrêmement cher. Le seul moyen de mettre fin à cette opération, c’est de parvenir à stabiliser la Libye. Et, pour ça, l’exécutif a fait le choix de Haftar».
Mettre fin au flux migratoire
L’Italie, elle, a choisi le camp opposé, avec une priorité: mettre fin au flux migratoire. Rome, qui a rouvert son ambassade à Tripoli, contrairement à la France dont la représentation a été fermée en 2014, a décidé de négocier directement avec les milices responsables du trafic pour baisser ce nombre. La brigade Al-Ammu à Sabratha se félicitait ainsi publiquement, en 2017, d’avoir reçu de l’argent de l’Italie pour arrêter son «commerce».
Politiquement, l’Italie est accusée par les Libyens de l’est de soutenir les partisans de l’islam politique. «Les Italiens veulent que les Frères musulmans prennent le pouvoir. Ils savent qu’à l’heure actuelle, des élections ne seraient pas en leur faveur, c’est pour cela qu’ils font tout pour les retarder», juge Abdelkader Gedoura, ancien membre de l’assemblée constituante libyenne. Une opinion qui s’est traduite par la non-participation de Khalifa Haftar au sommet de Palerme en novembre alors que celui-ci avait accepté de discuter, à Paris, en mai dernier. Une rencontre qui s’était conclue par l’annonce d’élections le 10 décembre, finalement repoussées.
La France a été freinée par ses alliés. «Les USA ont assisté au sommet du 29 mai à Paris. Cela les a réveillés. La Grande-Bretagne et l’Italie, qui s’opposaient à des élections aussi rapides, les ont appelés pour leur demander d’agir», explique Jalel Harchaoui, doctorant à l’Université Paris VIII, spécialiste de la Libye.
Intérêts américains
Une redistribution des cartes renforcée par la nomination de l’Américaine Stephanie Williams au poste d’adjointe de Ghassan Salamé, le représentant de l’ONU en Libye. Cette ancienne chargée d’affaires à l’ambassade américaine à Tripoli est une preuve du retour, en coulisse du moins, du Secrétariat d’État dans les affaires libyennes. Pour l’Oncle Sam, la priorité n’est pas de savoir qui mettre à la tête de la Libye, ni la question migratoire, mais celle de surveiller son remuant partenaire, les Émirats arabes unis. Ces derniers mènent une politique offensive du «Tout sauf les Frères musulmans» en soutenant, comme la France, le maréchal Haftar. Le Qatar et la Turquie agissent de même, dans le camp opposé. L’union de la communauté internationale est encore loin.
«Cette guerre larvée est nuisible et malsaine»
Mohamed Dayri, ancien ministre des Affaires étrangères libyennes (2014 à 2018) issu du Conseil des députés de Tobrouk était de passage en Suisse le 10 janvier pour une conférence organisée par la Fondation Hirondelle, l’ONG Changing Perspectives et la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco). Il déplore les entraves aux processus politiques qui résultent de désaccords extérieurs à la Libye.
Que vous inspire cette guerre larvée entre la France et l’Italie?
Elle porte ombrage au processus politique libyen. Elle est nuisible et malsaine. La solution est entre les mains des puissances occidentales. Il faut qu’elles accordent leurs violons. Je pense que les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui participent depuis 2014 au processus de coordination technique et diplomatique pour la Libye, devraient intervenir pour mettre fin à ces rivalités.
Que cachent-elles? Une bagarre autour des ressources pétrolières?
En Libye, dans les milieux informés, on évoque des rivalités entre le groupe italien ENI et Total. D’une manière générale, la question des ressources pétrolières est très sensible. En juin dernier, le général Haftar a pris le contrôle du croissant pétrolier. Il souhaitait en confier la gestion aux autorités de Benghazi plutôt qu’à la Compagnie nationale libyenne (NOC) basée à Tripoli. La pression a été telle qu’il a dû faire marche arrière. C’est un vrai sujet de discorde. Depuis 2014, les populations de l’Est sont en colère. 70% du pétrole libyen est extrait de leur sous-sol mais les revenus de cet or noir vont à la Banque centrale qui n’est pas sous leur contrôle.
Mais il y a d’autres enjeux aussi…
Effectivement, pour l’Italie, l’enjeu n’est pas seulement pétrolier. Il y a aussi la nécessité d’arrêter les flux migratoires. Les États-Unis, eux, se désintéressent du dossier politique mais en revanche ils continuent à travers l’Africom à mener des frappes contre les bastions d’Al-Qaida et Daech en Libye. Depuis l’attentat du Bataclan, c’est aussi un enjeu sécuritaire pour la France.
Récemment, le «Financial Time» a écrit que les Libyens ne faisaient rien non plus pour accélérer le processus politique…
C’est vrai que les Libyens traînent des pieds. Mais la Libye est aussi otage de rivalités régionales. Parce qu’ils ont des intérêts divergents, les Émirats arabes unis et l’Égypte soutiennent l’armée nationale libyenne et le parlement de Tobrouk tandis que le Qatar et la Turquie, eux, soutiennent les islamistes à Tripoli et Misrata. L’enjeu, c’est l’avenir de l’Islam politique dans la sous-région. Les Frères musulmans ont perdu du terrain en Égypte, coexistent en Tunisie, et ont rencontré un échec électoral cuisant en Libye en 2012 et 2014.
En Libye, le retour désenchanté de déplacés dans leur ville
« Nous avons retrouvé la ville pillée, des maisons en ruines, nos oliviers brûlés ». Assis dans ce qui était jadis le salon de sa maison, Moftah raconte sa désillusion en rentrant chez lui, dans l’ouest de la Libye, après des années d’exil.
Al-Goualiche, perché sur les hauteurs du Djebel Nefoussa, à 120 km à l’ouest de Tripoli, a payé le prix de son soutien à l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi, capturé et tué par les rebelles en octobre 2011. La révolte avait plongé le pays dans le chaos.
Cette ville de moins de 10.000 habitants présente un paysage de désolation: maisons calcinées balayées par le vent et la poussière, pas d’accès aux services de base, écoles détruites ou inutilisables.
« C’était le 6 juillet 2011 », se rappelle Moftah Mohamad: c’est le jour précis où il a dû tout abandonner pour fuir avec sa famille, tout comme les autres habitants d’Al-Goualiche, devenue ville fantôme depuis.
Cette bourgade était alors la cible des « bombardements continus de l’Otan » –allié des rebelles– qui visaient les forces loyales à Kadhafi. « Rester c’était mourir », raconte le quadragénaire.
La peur de représailles de la part de villes voisines, qui avaient pris fait et cause pour les rebelles, a empêché ensuite les habitants de revenir.
Maisons insalubres
L’ONU, qui tente depuis des années d’arracher un accord entre les différents acteurs politiques en Libye, encourage sur le terrain à un travail de réconciliation au sein de population où les rancoeurs et désirs de revanches sont encore vifs, prônant notamment un retour des déplacés chez eux.
Dans ce cadre, un accord de réconciliation a été signé en 2015 entre les villes du Djebel Nefoussa, permettant ce retour, avec des promesses d’aide financière à la clé.
Même si Moftah Mohamad est accablé de voir ce qui reste de sa maison, sans porte ni fenêtre, il dit avoir préféré malgré tout rentrer chez lui. « C’est mieux que de continuer à errer de ville en ville », dit-il.
Mais il reconnaît avoir été très déçu de voir que rien n’avait été fait pour aider à son retour.
« Cinq ou six commissions gouvernementales se sont succédé sans rien changer à notre sort », regrette-t-il.
Non loin, Mohamad Boukraa inspecte sa maison aux murs calcinés, s’appuyant sur sa béquille et sur ses deux petits-fils.
Ce septuagénaire a décidé de rentrer à al-Goualiche il y a quelques mois après plus de sept ans d’exil. « Quand j’ai vu ma maison et celles de mes deux fils brûlées, je me suis effondré », raconte-t-il.
Le maire de la ville ne cache pas non plus son impatience.
« Les habitants attendent les indemnisations pour pouvoir réparer leurs maisons et les rendre salubres », explique Said Amer.
« Certaines familles sont obligées de vivre dans des maisons calcinées, ne réalisant pas le risque que cela représente pour leur santé et celle de leurs enfants », s’inquiète-t-il.
Promesses non tenues
Outre les infrastructures publiques, la mairie d’al-Goualiche a recensé, selon lui, 1.600 dossiers d’indemnisations aux familles toujours en suspens.
Pour le gouvernement, les difficultés financières sont les principales entraves à la reconstruction des villes comme al-Goualiche.
Le retour des déplacés « nécessite un plan de développement et des financements importants pour la reconstruction que nous n’avons pas », déclare à l’AFP Youssef Jalala, ministre des Affaires des populations déplacées du Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli.
Selon lui, la faute est surtout à imputer à la communauté internationale.
« A maintes reprises, la communauté internationale a fait des promesses pour aider à la reconstruction des villes sinistrées mais rien n’a été concrétisé », déplore-t-il.
La Libye compte actuellement quelque 187.000 déplacés, selon les statistiques de décembre 2018 de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Human Rights Watch (HRW) a de son côté tiré la sonnette d’alarme jeudi sur le sort des habitants déplacés de Taouarga (nord-est), une autre ville qui avait pris le parti de Kadhafi en 2011.
Selon elle, la plupart des 48.000 habitants de cette ville n’ont pu revenir chez eux depuis sept ans.
« Le GNA (…) est tenu de faciliter le retour volontaire, sûr et digne des personnes déplacées dans leurs foyers et de les aider à retrouver leurs maisons et leurs biens », a indiqué l’ONG dans un communiqué.
Libye : mise en échec d’une opération de contrebande d’armes
Les autorités libyennes ont réussi à mettre en échec une tentative de contrebande d’armes au port de Mosrata. Les armes ont été saisies à bord d’un navire en provenance de Turquie.
La douane libyenne au port de Mosrata ont fait savoir qu’ils ont réussi à saisir une cargaison d’armes composée de pistolets turcs à l’intérieur d’un container contenant des produits ménagers et des jouets pour enfants.
Selon les mêmes sources, reprises par Jawhara fm, 556 cartons contenant chacune 36 revolvers ont été saisis.
Il s’agirait de la deuxième fois que des armes en provenance de Turquie soient saisies. La première fois c’ètait il y a deux semaines, une cargaison d’armes et de munitions au port de Khoms à bord d’un navire en provenance de Turquie également.
Ghassen Salamé chez Jhinaoui : Le congrès national libyen en 2019 et le règlement des arriérés dus aux cliniques et entreprises tunisiennes
Si la progression de la sortie de crise a été au centre des entretiens entre Khemaies Jhianoui et Ghassen Salamé, mardi matin à Tunis, les dossiers financiers restés en suspens entre la Tunisie et la Libye se sont invités avec acuité lors de cette rencontre. Il s’agit principalement des impayés constatés par nombre de cliniques et d’entreprises tunisiennes restés à ce jour en souffrance de règlement.
Les montants des soins prodigués à des patients libyens justifiant d’une prise en charge par les autorités libyennes ne cessent d’augmenter obérant lourdement les finances des établissements sanitaires. La chambre syndicale nationale des cliniques s’emploie de toutes ses énergies pour en obtenir le paiement ne serait-ce que par tranches. Il en va de même pour nombre d’exportateurs tunisiens, notamment de produits agro-alimentaires. Ils affrontent en effet la même situation de la part de leurs clients libyens, certes solvables, mais qui se trouvent confrontés aux difficultés de change et de transfert.
En posant pour la première fois (du moins officiellement mentionnée dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères), la question à Ghassen Salamé, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye (UNSMIL), le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhianoui, s’est fait l’écho des doléances des cliniques et entreprises tunisiennes et compte sur la diligente intervention de son interlocuteur auprès des autorités libyennes. Un autre volet de la séquence économique et financière de cet entretien : la promotion des échanges entre les deux pays. En décryptage du non-dit : exportation de produits tunisiens (très demandés en Libye face à la pénurie générale) et importation du pétrole libyen, (très attendu pour alléger la balance énergétique et le budget de l’Etat)…
Optimisme politique, sécuritaire et économique
Sur la situation en Libye, Ghassen Salamé semble être moins pessimiste qu’il y a quelques semaines.
Au niveau politique, il enregistre une bonne avancée dans la préparation du congrès national devant se tenir début 2019, avec la participation des différentes parties représentatives y compris les tribus. Rendez-vous essentiel, reporté depuis un an afin de réunir en sa faveur toutes les chances de réussite et s’élargissant aux représentants des acteurs les plus significatifs, ce congrès doit pas la voie à la tenue d’élections législatives et présidentielles, après la finalisation du cadre législatif approprié et l’adoption de la nouvelle constitution.
Optimisme sécuritaire aussi. Ghassen Salamé a en effet mentionné que le cessé le feu est de plus en plus respecté par toutes les parties depuis sa signature en septembre dernier.
Optimisme économique par ailleurs. L’envoyé spécial de l’ONU a souligné l’amélioration des indicateurs économiques et des liquidités financières dans les banques et de l’approvisionnement du marché en produits de base, suite au programme de réforme économique mis en œuvre par la mission de l’ONU.
En Libye, le tabou des hommes violés
VIDÉO. Arte diffuse, mardi soir, un documentaire sur le viol utilisé comme arme de guerre en Libye. Une enquête implacable sur un crime aussi violent que tabou. Par Louis Chahuneau
Quand les lumières se sont rallumées dans la salle de projection de l’Institut du monde arabe, à Paris, le public s’est levé pour saluer le film. En ce début du mois d’octobre, les spectateurs ont assisté à l’avant-première du documentaire Libye, anatomie d’un crime, réalisé par la journaliste Cécile Allegra (Prix Albert Londres en 2015), et diffusé mardi 23 octobre à 22 h 45 sur Arte. Le film, qui a nécessité plus de deux ans de travail, suit la juriste internationale Céline Bardet dans son enquête sur les victimes de viol de guerre entre la Libye et la Tunisie, où des milliers de Libyens se sont réfugiés ces dernières années.
Depuis la révolution contre le colonel Kadhafi, débutée en février 2011, une partie de la population a été victime de cette torture sexuelle, érigée en stratégie guerrière, comme elle le fut en Bosnie dans les années 90 où l’on a dénombré entre 20 000 et 50 000 victimes selon les sources. Le viol pour dominer, humilier. Le viol est le crime parfait puisqu’il ne laisse pas de trace évidente sur les victimes, qui le plus souvent se murent dans le silence.
Mais, en Libye, le viol n’a pas concerné que des femmes. Il a aussi touché les hommes : « En Libye, les hommes sont ciblés, car ce sont eux qui dirigent le pays et les tribus. Le viol a une fonction castratrice, il leur a enlevé tout pouvoir », explique Céline Bardet. Pour la première fois dans un documentaire, certains d’entre eux témoignent des exactions que leur ont fait subir militaires kadhafistes puis rebelles.
Un sujet invisible
Dans un pays ravagé par les combats entre les milices et les islamistes, sans gouvernement ni système judiciaire stable depuis des années, les victimes de viol de guerre sont laissées à l’abandon. La Cour pénale internationale, créée en 1998 pour punir ce type d’exactions, réclame des preuves. C’est justement le travail de Céline Bardet, que la réalisatrice suit tout au long du film. Depuis des années, cette Française, rodée aux institutions internationales (ONU, Tribunal pénal international), apporte son expertise aux Libyens qui espèrent un jour obtenir justice.
Le film suit aussi le combat de Ramadan, un procureur de Benghazi qui a fui la ville, d’Imed, un activiste de la communauté de Tawergha (anciens esclaves noirs) qui ne dort jamais deux nuits au même endroit de peur d’être assassiné. Et puis il y a Hosni Lahmar, l’un des rares médecins tunisiens qui acceptent d’ausculter les hommes victimes de viol de guerre, sans les juger.
Libye, anatomie d’un crime a déjà remporté le prix du meilleur documentaire au Festival du film et Forum international sur les droits humains (FIFDH). « Ce film permet de mettre la lumière sur un sujet invisible, raconte Céline Bardet, et surtout d’accompagner un travail d’enquête qu’on mène en parallèle avec mon ONG, WWOW » (« We Are Not Weapons of War », « nous ne sommes pas des armes de guerre »). Selon la juriste, « le film devient un outil de plaidoyer et va permettre d’ouvrir la parole à d’autres victimes ». Elle commence déjà à recevoir des messages de réfugiés souhaitant prendre contact avec elle.
Libye : Eni acquiert la moitié des parts de BP sur trois périmètres d’exploration et de production d’hydrocarbures
Eni a annoncé avoir signé un contrat qui lui permettra d’acquérir la moitié de la participation de 85 % de BP dans un accord de partage de l’exploration et de la production (EPSA) en Libye. Les conditions financières liées à l’opération n’ont pas été divulguées.
Cet EPSA se subdivise en trois zones contractuelles qui couvrent une superficie de 54 000 km². Deux sont situées dans le bassin côtier de Ghadames et la troisième dans le bassin offshore de Sirt. L’activité y a été suspendue depuis quatre ans.
Une fois l’opération validée par les autorités locales, le statut d’opérateur passera aux mains d’Eni. Pour rappel, les 15% de parts restantes sur l’EPSA sont contrôlées par l’Autorité libyenne en charge des investissements.
Eni a déclaré qu’avec cet EPSA, BP bénéficiera d’importantes synergies notamment avec les installations existantes de la JV entre Eni et NOC, la société publique libyenne du pétrole. La société italienne compte également faire profiter à son nouveau partenaire, les ressources opérationnelles de Mellitah Oil & Gas Co, en appliquant son modèle de livraison rapide pour accélérer la production.
« Il s’agit d’une étape importante qui aidera à libérer le potentiel d’exploration libyen. Cette opération contribuera à la création d’un environnement d’investissement attractif dans le pays, visant à rétablir les niveaux de production et les réserves de la Libye en optimisant l’utilisation de l’infrastructure libyenne existante.», s’est ravi Claudio Descalzi (photo), le patron d’Eni.
Pour sa part, Bob Dudley, le numéro un de BP a déclaré : « il s’agit d’une étape importante sur la voie de notre retour en Libye. Nous pensons qu’une collaboration étroite avec Eni nous permettra de relancer l’exploration dans ces domaines prometteurs ».
En Italie, 9% de l’essence vendue dans les stations-service provient des réseaux de contrebande en Libye
Selon un rapport produit par la police italienne dans le cadre de la lutte contre la contrebande d’essence dans le pays, 9% du combustible commercialisé dans les stations-service est passé par les réseaux de contrebande en Libye.
En effet, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, qui marque le début du chaos que connait le pays actuellement, les milices armées présentes dans les bassins de production, volent le pétrole brut et l’exportent en Italie par l’intermédiaire de Malte. Selon le document, une flotte de 70 bateaux serait concernée par le trafic.
Le pétrole ainsi volé est raffiné en Italie, puis injecté dans le circuit de distribution normale des produits pétroliers.
Etant donné que l’Italie est un important consommateur de produits pétroliers en Europe, ces 9% d’essence consommée issue de la contrebande auraient pu aider à améliorer les recettes publiques du pays nord-africain qui manque de moyens pour la relance de l’Economie.
La situation est d’autant plus inquiétante qu’en l’absence de capacité de raffinage suffisante, la Libye dépense 3,3 milliards de dollars par an pour importer de l’essence et des produits raffinés, en grande partie d’Italie.
Il y a quelques mois, l’ONU et les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre des groupes impliqués dans la contrebande, le phénomène perdure. La société publique du pétrole en Libye, NOC a récemment déclaré qu’elle fait de sa résolution une priorité.
Le navire « Mare-Ionio », contre-attaque de la gauche italienne face à la politique de Salvini
Battant pavillon italien, le navire, acheté et affreté par des militants, est parti jeudi matin pour secourir des migrants au large des côtes libyennes.
15 heures, jeudi 4 octobre. Le Mare-Ionio vient de quitter les eaux territoriales italiennes. Dans quatre-vingts heures, il patrouillera au large des côtes libyennes pour porter secours aux migrants en perdition. Affrété par des militants de la gauche italienne, ce nouveau venu dans le sauvetage en mer lance un véritable défi à l’Europe forteresse et adresse un pied de nez au ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini.
Mercredi soir, alors que le soleil se couche sur le port d’Augusta, au sud de la Sicile, une dizaine d’hommes s’affairent sur le bateau. Pendant que deux mécaniciens soudent des parois, des volontaires de l’ONG Sea Watch terminent d’installer des caillebotis en caoutchouc noir qui permettront d’accueillir des migrants à l’avant du navire.
L’atmosphère est tendue. Erasmo Palazzotto fait du surplace, téléphone collé à l’oreille. « Il y a trois mois, je ne connaissais rien aux bateaux. Aujourd’hui, j’en possède un », rigole-t-il. Avec deux collègues du parti Sinistra Italiana (Gauche italienne), Nichi Vendola et Nicola Fratoianni, et Rossella Muroni, présidente du parti Liberi e Uguali (Libres et égaux), ils ont acheté le Mare-Ionio. Un prêt de 465 000 euros de la Banca Etica (Institut de la finance éthique) leur a permis d’acheter 110 000 litres de pétrole, de l’électronique, et de payer l’équipage. Leur budget s’est aussi enrichi de 70 000 euros de donations qui permettront de maintenir le bateau à flot. Pour la suite des opérations, l’équipe compte sur un financement participatif sur la plate-forme sociale Mediterraneo.
Afin d’éviter les déboires de l’Aquarius, le navire bat fièrement pavillon italien, un pavillon très difficile à obtenir, certes, mais qu’il sera quasiment impossible de lui retirer au vu de la nationalité de l’équipage et du propriétaire. Ce qui n’empêche pas Erasmo Palazzotto d’être prudent. « Tout ce que nous avons fait est légal et transparent. Nous respectons le droit maritime en allant porter secours en mer », observe-t-il, avant d’ajouter : « Lorsque les réfugiés que nous aurons secourus mettront le pied sur le Mare-Ionio, ils seront en territoire italien ! »
« Population dans la rue »
Préparée dans le plus grand secret, cette opération a pris corps en juin, alors que l’Italie fermait ses ports. « Au début, nous voulions partir pendant l’été, mais cela a été plus compliqué que prévu, raconte Erasmo Palazzotto. Du coup, nous serons en mer pour marquer la date symbolique du 3 octobre 2013. » Il y a exactement cinq ans, un gigantesque bateau de pêche coulait au large de Lampedusa, causant la mort de près de 400 migrants, pour la plupart érythréens. Ce naufrage, pour lequel l’Italie avait décrété un jour de deuil national, a durablement choqué l’opinion publique de la Péninsule.
Mercredi soir toujours, l’équipage attend anxieusement la réponse de la capitainerie, censée lui délivrer l’autorisation de prendre le large. Dans un climat politique aussi tendu, le petit groupe s’attend à tout. Si tout se passe comme prévu, le navire aura atteint les côtes libyennes ce week-end, après quatre-vingts heures de mer, et devrait être rejoint par deux voiliers privés ainsi que par l’Astral, la barque d’Open Arms. L’ONG espagnole et son fondateur, Oscar Camps, participent activement au projet.
A bord du Mare-Ionio, un médecin, quatre personnes chargées du secours en mer ainsi que quatre membres d’équipage. Viennent s’y ajouter le militant Luca Casarini, fondateur du mouvement anti-mondialisation No Global et responsable des manifestations anti-G8 à Gênes, ainsi que Giuseppe Caccia, armateur du navire. Le groupe qui reste à terre est composé, lui, d’une alliance hétéroclite de militants anarchistes et de catholiques qui en ont en commun le refus de laisser des gens mourir en mer. Et, derrière eux, « nous avons créé un réseau qui ne passe plus par les gouvernements. Les villes de Palerme, Bologne, Amsterdam et Berlin ont décidé de nous soutenir. Non seulement en acceptant d’accueillir les personnes que nous sauverons mais également en nous appuyant dans notre mission », rappelle Giuseppe.
Avant de prendre la mer, l’homme a dû apprendre un nouveau métier, celui d’armateur. Mais l’ex-consultant en urbanisme – pour la ville de Bologne et la fondation Rosa-Luxembourg à Berlin – se veut confiant. De toute façon, il n’avait pas le choix puisque ces nouveaux venus du sauvetage n’ont pas réussi à trouver un armateur prêt à leur louer son bateau. « La plupart nous ont dit qu’ils craignaient des mesures de rétorsion du gouvernement ! Cela permet de se rendre compte de la gravité de la situation en Italie en ce moment », décrypte l’homme.
Le Mare-Ionio n’hésitera pas à appeler à la mobilisation politique en cas de refus des autorités de lui ouvrir l’un des ports italiens : « Nous ne sommes pas une nouvelle ONG mais une plate-forme sociale, affirme le militant Luca Casarini. Ce bateau doit devenir un symbole, un défi aux politiques menées par l’Italie et l’Europe. S’ils ferment leurs ports, nous appellerons la population à descendre dans la rue. »
المركز المغاربي للأبحاث حول ليبيا
تعريف:
تأسس المركز المغاربي للأبحاث حول ليبيا في جوان - يونيو 2015 في تونس، وهو أول مركز من نوعه يعمل بكل استقلالية من أجل تعميق المعرفة بليبيا في جميع المجالات والقطاعات، ويرفد بالمادة العلمية جهود المجتمع المدني في ليبيا لإقامة الحكم الرشيد، المبني على التعددية والتداول السلمي واحترام حقوق الإنسان . مؤسس المركز: الإعلامي والباحث التونسي رشيد خشانة يقوم المركز بنشر مقالات وأوراق بحثية بالعربية والأنكليزية والفرنسية، ويُقيم مؤتمرات وندوات علمية، وباكورة نشاطاته ندوة حول "إسهام المجتمع المدني في إعادة الاستقرار والانتقال الديمقراطي بليبيا" يومي 5 و6 أكتوبر 2015 بتونس العاصمة.
موقع "ليبيا الجديدة"
موقع إخباري وتحليلي يبث الأخبار السريعة والتقارير السياسية والاقتصادية والثقافية والاجتماعية عن ليبيا، ديدنُه حق المواطن في الإعلام، ورائدُه التحري والدقة، وضالتُه الحقيقة، وأفقهُ المغرب العربي الكبير. يتبنى الموقع أهداف ثورة 17 فبراير ومبادئها السامية ويسعى للمساهمة في بناء ليبيا الجديدة القائمة على الديمقراطية واحترام حقوق الانسان والحكم الرشيد.