L’armée libyenne, épaulée par de nombreux miliciens, mène l’offensive à Syrte, fief du groupe Etat Islamique. Notre envoyé spécial, Omar Ouahmane, était sur place début octobre.

10887251

4 octobre 2016. Un combattant libyen s’offre une pause sur la ligne de front, à Syrte. (OMAR OUAHMANE / RADIO FRANCE)
Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi est devenue un fief jihadiste. Le groupe Etat islamique a profité du chaos pour prendre racine dans cette ville, à 450 kilomètres à l’est de Tripoli. L’armée libyenne, épaulée par de nombreux miliciens, est passée à l’offensive au mois de mai dernier.

Début octobre, l’armée libyenne bute toujours sur un dernier carré d’irréductibles. Un petit carré où se sont retranchés les jihadistes sur la zone côtière de Syrte. Mohamed est chef d’un bataillon venu de la capitale, Tripoli : « Là vous avez la mer. Ici c’est la zone contrôlée par le groupe Etat islamique, et tout autour vous avez nos combattants, au sud, à l’ouest et à l’est  »

Les jihadistes sont enfermés dans un secteur de 700 mètres environ, ils n’ont aucune chance de s’en sortir ! C’est fini !

Mohamed,
chef d’un bataillon libyen

Document franceinfo. Au cœur des combats à Syrte, en Libye : le reportage d’Omar Ouahmane
Les combattants libyens venus de la ville de Misrata ont pris position dans les immeubles qui entourent ce quartier où les jihadistes ont trouvé refuge. Youssef, 20 ans, pointe son fusil à lunette en direction d’un bâtiment en ruine. Et tire. « J’essaye de venir à bout de ce sniper. En fait nous sommes deux tireurs embusqués et on se fait face, il bouge beaucoup, il passe d’une position à une autre. Je l’ai vu à l’instant, il a eu beaucoup de chance, car mon chargeur était vide !  »

Les jeunes en première ligne

Les jeunes combattants sont en première ligne. Des jeunes courageux qui meurent tous les jours, car ils n’ont aucune expérience militaire. Mahmoud, 19 ans, s’est embusqué derrière un énorme container : « Grâce à dieu nous allons libérer Syrte, mais j’ai déjà perdu quatre amis. »

Soudain, un bruit assourdissant. La surprise est totale, un avion libyen vient de larguer une bombe sur une position de groupe , de l’autre côté de la rue, à moins de 100 mètres. La frappe provoque une pluie de gravats et d’éclats qui pousse les combattants à se mettre à l’abri.

Des rues et des immeubles truffés d’engins explosifs

Des raids aériens comme celui-ci, il y en a beaucoup. En face, les jihadistes de Syrte font plus que résister, ils ont truffé les rues et les maisons d’engins explosifs. Mais ce qui freine surtout les forces libyennes, ce sont les tireurs embusqués. Le commandant Souleymane raconte : « Nous progressons lentement, nous avons réussi à avancer de 100 mètres aujourd’hui. Nous ne voulons pas perdre des hommes inutilement, car les snipers de du groupe Etat islamique ont pris position dans les immeubles et dans les rues devant nous, donc on va laisser les chars faire leur travail. Ils vont rentrer en action pour repousser les jihadistes et, ensuite, on pourra progresser. »

Un seul sniper de Daesh va mobiliser des dizaines de combattants libyens pendant plusieurs heures. Le jihadiste se cache dans un immeuble criblé d’impacts. Un char d’assaut avance et se met en position pour tenter de le déloger. Un combattant des forces gouvernementales profite alors de la confusion pour traverser une rue, qui était exposée aux tirs du sniper. Il doit faire vite. « Les snipers tirent sur tout ce que qui bouge. J’ai voulu aller me rendre compte de la situation là-bas en éclaireur, pour voir si je peux y retourner avec mes camarades. J’ai profité du tir du char pour traverser. Lorsque le tank se met en position pour faire feu, les snipers s’éloignent ou changent de cachette. »

Les jihadistes ne seraient plus que quelques dizaines, accompagnés de leur famille selon Mustafa, le chef d’une brigade de Misrata : « Ils ne sont plus très nombreux, une quarantaine au plus. Il y a des Marocains, des Tunisiens, des Soudanais, des Égyptiens et quelques Libyens, une quinzaine. La majorité, ce sont des étrangers, ce sont des mercenaires.. .Ils nous tirent dessus avec des obus, mais ce qui nous fait le plus de mal, ce sont les voitures piégées. »

Les jihadistes sont prêts à mourir, c’est pour cela qu’ils font de nombreuses victimes, ils combattent jusqu’à la mort

Mustafa,
chef d’une brigade de Misrata
L’offensive de Syrte est extrêmement coûteuse en vies humaines, elle a déjà causé la mort de plus de 530 combattants libyens et fait plus de 2 600 blessés.

Commentaires