Jeudi, deux sources proches de la société publique libyenne du pétrole (NOC) ont révélé à Reuters que l’entreprise a saisi la part de pétrole brut revenant à Total sur la production de la concession pétrolifère de Waha. Total n’aurait donc reçu aucune part de sa production depuis mars et n’aurait pas non plus été indemnisée.

Selon ces sources, cette manœuvre serait due à la volonté de la société publique de bloquer l’entrée de la firme française sur l’un de ses plus grands gisements pétroliers. Pour rappel, Total a racheté, au mois de mars dernier, les 16,33% de parts de l’Américain Marathon Oil sur le périmètre de Waha, à 450 millions de dollars. Un montant jugé trop bas par les responsables de la NOC, qui s’apprêtent à racheter ces parts et donc, bloquer l’opération.

Pourtant, Total a déclaré il y a quelques jours, que les autorités libyennes sont informées de la transaction et n’avaient soulevé aucune objection, avant sa conclusion. Patrick Pouyanné, le patron de Total avait aussi indiqué que les deux parties tiennent des pourparlers sur certaines questions fiscales entourant l’accord.

D’un autre côté, les données douanières du terminal d’exportation de pétrole d’Es Sider pour le mois de mai, indiquent que sur les 14 cargaisons du champ Waha, la NOC s’est attribuée 10, ConocoPhillips, qui détient une participation de 16,33% dans Waha, a eu deux cargaisons, et Hess, avec une participation de 8,16%, en a aussi eu deux autres.

En effet, depuis le début de cette année, et la cession des parts de Marathon, ses cargaisons ont été vendues à l’opérateur pétrolier Vitol via la NOC, explique l’une des sources, qui précise que l’accord entre la NOC et Vitol est valable jusqu’en août au moins. Par conséquent, Total ne devrait pas entrer en possession de ses cargaisons de pétrole avant les trois prochains mois. Contacté, le négociant Vitol a refusé de commenter cette information.

Si tant est que la NOC souhaite évincer Total de la concession, elle devrait lui forcer la main afin qu’elle revende ses 16,33% de parts dans les prochaines semaines. Autrement, la partie libyenne court le risque de verser d’énormes frais d’indemnisation à la partie française.

Il paraît désormais probable que Total ne se laissera pas faire. Même si la multinationale semble prôner le dialogue, une action en arbitrage reste sa seule issue.

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