Si la progression de la sortie de crise a été au centre des entretiens entre Khemaies Jhianoui et Ghassen Salamé, mardi matin à Tunis, les dossiers financiers restés en suspens entre la Tunisie et la Libye se sont invités avec acuité lors de cette rencontre. Il s’agit principalement des impayés constatés par nombre de cliniques et d’entreprises tunisiennes restés à ce jour en souffrance de règlement.

Les montants des soins prodigués à des patients libyens justifiant d’une prise en charge par les autorités libyennes ne cessent d’augmenter obérant lourdement les finances des établissements sanitaires. La chambre syndicale nationale des cliniques s’emploie de toutes ses énergies pour en obtenir le paiement ne serait-ce que par tranches. Il en va de même pour nombre d’exportateurs tunisiens, notamment de produits agro-alimentaires. Ils affrontent en effet la même situation de la part de leurs clients libyens, certes solvables, mais qui se trouvent confrontés aux difficultés de change et de transfert.

En posant pour la première fois (du moins officiellement mentionnée dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères), la question à Ghassen Salamé, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye (UNSMIL), le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhianoui, s’est fait l’écho des doléances des cliniques et entreprises tunisiennes et compte sur la diligente intervention de son interlocuteur auprès des autorités libyennes. Un autre volet de la séquence économique et financière de cet entretien : la promotion des échanges entre les deux pays. En décryptage du non-dit : exportation de produits tunisiens (très demandés en Libye face à la pénurie générale) et importation du pétrole libyen, (très attendu pour alléger la balance énergétique et le budget de l’Etat)…

Optimisme politique, sécuritaire et économique
Sur la situation en Libye, Ghassen Salamé semble être moins pessimiste qu’il y a quelques semaines.

Au niveau politique, il enregistre une bonne avancée dans la préparation du congrès national devant se tenir début 2019, avec la participation des différentes parties représentatives y compris les tribus. Rendez-vous essentiel, reporté depuis un an afin de réunir en sa faveur toutes les chances de réussite et s’élargissant aux représentants des acteurs les plus significatifs, ce congrès doit pas la voie à la tenue d’élections législatives et présidentielles, après la finalisation du cadre législatif approprié et l’adoption de la nouvelle constitution.

Optimisme sécuritaire aussi. Ghassen Salamé a en effet mentionné que le cessé le feu est de plus en plus respecté par toutes les parties depuis sa signature en septembre dernier.

Optimisme économique par ailleurs. L’envoyé spécial de l’ONU a souligné l’amélioration des indicateurs économiques et des liquidités financières dans les banques et de l’approvisionnement du marché en produits de base, suite au programme de réforme économique mis en œuvre par la mission de l’ONU.

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