Dans une lettre, le ministre des affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, a demandé à son homologue français, Jean-Yves Le Drian, « d’expliquer de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharian sont parvenues aux forces de Haftar, quand ont-elles été livrées et comment ? », selon un communiqué du ministère.

M. Siala a également souhaité connaître « les quantités d’armes » qu’aurait fournies Paris au maréchal, et « dont l’existence [dans le pays] contredit les déclarations du gouvernement français (…) de soutien au GNA, comme seul reconnu internationalement ». La France a admis mercredi que des missiles découverts lui appartenaient, mais a réfuté les avoir livrés aux forces de Khalifa Haftar.

Invitée de Franceinfo vendredi, la ministre des armées, Florence Parly, a expliqué que « ces missiles avaient été mis hors d’usage et étaient stockés dans un endroit qui était destiné à permettre leur destruction. Pour des raisons qui tiennent aux évenements qui se déroulent ce moment en Libye, ces missiles n’ont pas pu être détruit à tant. Ils n’ont jamais été transférés à quiconque ». La ministre ne dit toutefois pas comment ces missiles ont pu finir dans une base des troupes de M. Haftar.

Proximité avec Haftar
L’information, révélée par le New York Times, contraint Paris, une nouvelle fois, à justifier sa politique en Libye, où sa proximité avec l’Armée nationale libyenne (ANL) de M. Haftar, l’homme fort de la Cyrénaïque (est) parti à l’assaut de la capitale début avril, se conjugue avec un soutien formel au camp rival du GAN du premier ministre, Faïez Sarraj, reconnu par les Nations unies.

Le quotidien américain avait attribué mardi à la France la propriété de quatre de ces missiles américains antichar, découverts par les forces loyales au GNA à Gharian, ville reprise fin juin au maréchal Haftar, à 100 km de Tripoli. Le militaire a lancé le 4 avril une offensive sur la capitale. La France reconnaît avoir apporté du renseignement au maréchal dans l’Est et le Sud mais dément tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli.

En 2016, trois militaires avaient péri lors d’une mission de renseignement dans l’Est. En dépit d’un embargo de l’ONU, des livraisons d’armements continuent d’affluer des deux côtés, faisant peser la menace d’une guerre par procuration entre puissances régionales. Depuis le début de l’offensive de Khalifa Haftar, les combats aux portes de la capitale libyenne ont fait 1 048 morts, dont 106 civils, et 5 558 blessés, dont 289 civils, selon un dernier bilan établi mardi par l’Organisation mondiale de santé.

 

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