Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, assiste à une réunion avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, à Berlin, en Allemagne, le 24 juin 2021. © Andrew Harnik, AFP (archives)

 

 

Alors que le pays tente de tourner la page d’une décennie de chaos, une conférence sur la stabilisation de la Libye s’est tenue jeudi à Tripoli, en présence de représentants de nombreux pays étrangers, afin de consolider le processus de transition.

À deux mois d’une élection présidentielle cruciale pour l’avenir de la Libye, une conférence ministérielle internationale s’est déroulée jeudi 21 octobre à Tripoli pour consolider le processus de transition. À l’issue de ce rendez-vous auquel ont pris part des représentants d’une trentaine d’États et organisations internationales, le gouvernement libyen s’est engagé à respecter les résolutions de l’ONU et à « créer un environnement propice à la tenue d’élections nationales transparentes et inclusives le 24 décembre », a déclaré la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, en lisant le communiqué final.

Tripoli a également réitéré son « refus des ingérences étrangères » dans les affaires libyennes et les « tentatives de semer le chaos en Libye ». Najla al-Mangoush a promis que la Libye respecterait ses engagements en matière de droits humains.

La « Conférence de soutien à la stabilité de la Libye » s’est tenue au moment où le pays d’Afrique du Nord tente de tourner la page d’une décennie de chaos depuis la chute, en 2011, du régime de Mouammar Kadhafi.

« Tripoli s’est rétablie. Elle est la capitale de tous les Libyens », a déclaré le chef du gouvernement intérimaire Abdelhamid Dbeibah dans son discours d’ouverture, promettant que les élections auraient lieu « à la date prévue » en décembre et appelant au « respect des résultats ».

Après des années de conflits armés et de divisions entre l’Est et l’Ouest, un nouveau gouvernement intérimaire a été désigné en début d’année, sous l’égide de l’ONU, pour sortir le pays d’un conflit internationalisé en le menant à une élection présidentielle cruciale fixée au 24 décembre et suivie par un scrutin législatif.

« Opportunité historique »

Plusieurs chefs de la diplomatie, dont le Français Jean-Yves Le Drian et l’Italien Luigi Di Maio, ont assisté à la conférence aux côtés d’homologues de pays arabes.

Dans un discours devant les participants, Jean-Yves Le Drian a salué les « progrès remarquables réalisés sur les plans politique et sécuritaire ».

« La tenue des élections présidentielle et législatives le 24 décembre est désormais à portée de main après l’adoption de la base juridique nécessaire à leur organisation », a-t-il déclaré.

« Les aspirations des Libyens à la souveraineté sont convergentes avec les intérêts de sécurité de l’ensemble de la région, du Sahel à l’Europe en passant par l’Afrique du Nord », a assuré Jean-Yves Le Drian. « Avec notre appui, les Libyens pourront saisir l’opportunité historique qui existe aujourd’hui de retrouver la paix, la souveraineté et une prospérité partagée. »

Il a aussi rappelé l’organisation, prévue le 12 novembre à Paris, d’une conférence internationale sur la Libye, « dans un format qui sera pour la première fois élargi à l’ensemble des pays du voisinage de la Libye », et qui « permettra de donner la dernière impulsion internationale nécessaire en soutien aux élections de la fin de l’année ».

Cette conférence « endossera le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers et accompagnera sa mise en œuvre, pour mettre un terme aux ingérences étrangères ».

Encore de nombreux mercenaires présents

À l’ouverture de la réunion à Tripoli, la secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a insisté sur l’importance du scrutin de décembre pour « achever la phase transitoire », en appelant les organisations internationales à dépêcher sur place « des envoyés spéciaux pour observer cette opération » et garantir sa transparence.

Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue des scrutins décisifs mais entourés d’incertitudes, du fait des fortes dissensions internes.

Alors que le conflit libyen a été largement alimenté par des puissances extérieures, Tripoli avait annoncé vouloir mettre l’accent, à travers cette conférence, sur « la nécessité de respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Libye », selon Najla al-Mangoush.

En décembre dernier, l’ONU faisait état de quelque 20 000 mercenaires et combattants étrangers présents en Libye : des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens, Soudanais, Syriens… Mais aussi plusieurs centaines de militaires turcs présents en vertu d’un accord bilatéral conclu avec l’ancien Gouvernement d’union nationale.

Seulement quelques départs « très modestes » ont depuis été constatés, d’après Tripoli.

Autre point de discussion, l’unification de l’armée sous un commandement unique. Car si en théorie, le pays dispose désormais d’un pouvoir unifié, la région orientale de Cyrénaïque est contrôlée de facto par le maréchal Khalifa Haftar, lui-même candidat probable à la présidentielle. Aucune annonce sur une réunification de l’armée n’a été faite.

 

 

 

 

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