L’émissaire par intérim de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, s’exprime lors du Forum de dialogue politique libyen à Tunis (Tunisie), le 9 novembre 2020. FETHI BELAID / AFP

 

Des représentants libyens de tous bords sont parvenus à un accord, vendredi 13 novembre, sur des élections en décembre 2021, premier résultat concret de leur dialogue lancé il y a cinq jours pour tenter de sortir leur pays de la crise, a annoncé l’Organisation des Nations unies (ONU).

Minée par les conflits et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, la Libye est aujourd’hui déchirée entre deux autorités rivales : le gouvernement d’union nationale (GNA), basé dans l’Ouest à Tripoli et reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l’Est.

L’émissaire par intérim de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, a présenté ce Forum de dialogue politique réuni en Tunisie comme « la meilleure occasion pour mettre fin aux divisions » dans ce pays. « Les participants au Forum de dialogue se sont accordés sur l’organisation d’élections nationales le 24 décembre 2021 », a déclaré Mme Williams lors d’une conférence de presse. « C’est une journée cruciale pour l’histoire de la Libye et une date très importante pour les Libyens », qui pourront « renouveler leurs institutions », a-t-elle ajouté.

La veille, Mme Williams avait annoncé que les 75 délégués libyens étaient « parvenus à une feuille de route préliminaire pour mettre fin à la période de transition et organiser des élections présidentielles et parlementaires libres, justes, inclusives et crédibles ».

Quoi qu’il en soit, la prudence reste de mise. Ces dernières années, plusieurs initiatives diplomatiques et des accords ayant annoncé des dates pour des élections sont restés lettre morte. Depuis la cessation en juin des hostilités entre le GNA et le camp Haftar, plusieurs séries de pourparlers interlibyens ont eu lieu à divers niveaux et entre différents représentants.

Une trêve fragile
Le Forum de Gammarth, près de Tunis, rassemble des délégués, sélectionnés par l’ONU en fonction de leur appartenance géographique, politique ou idéologique. Mais pas les principaux protagonistes. Plusieurs organisations ont critiqué la composition du forum, estimant que certaines forces politiques ou militaires étaient sous-représentées.

Le risque subsiste également que des dirigeants, absents des pourparlers, des groupes armés ou leurs parrains internationaux tentent de jouer les trouble-fêtes, dans un pays qui a connu une implication croissante de puissances étrangères et où la trêve reste fragile. La Turquie soutient activement le GNA, tandis que la Russie, les Emirats arabes unis et l’Egypte appuient le camp Haftar.

« Les Libyens craignent une présence étrangère qui s’éternise dans leur pays », et « expriment clairement le souhait de reconquérir leur souveraineté », a expliqué Mme Williams. « On peut la reconquérir par le vote. » Les pourparlers de Gammarth, qui se poursuivent, visent aussi à mettre sur pied un exécutif unifié, composé d’un conseil présidentiel de trois membres et d’un gouvernement.

Les combats meurtriers ont cessé en juin, après l’échec de l’offensive lancée par le maréchal Haftar en avril 2019 pour s’emparer de Tripoli. Un cessez-le-feu permanent a été conclu en octobre par les deux protagonistes.

Mais jeudi, les forces du GNA ont mis en garde contre les risques de violation du cessez-le-feu, du fait de tensions autour des rencontres à Syrte, en Libye, entre des représentants militaires des camps rivaux, au sujet du retrait des « mercenaires et des combattants étrangers » des lignes de front.

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